Aurons-nous droit non pas à une, mais à deux écuries de Formule 1 canadiennes en 2021 ? Cela pourrait bien être possible.
Après que Lawrence Stroll ait pris le contrôle de Force India, renommée Racing Point, il apparaît maintenant que Michael Latifi, le père du pilote Nicholas qui fera ses débuts en F1 quand les activités reprendront, pourrait bien mettre la main sur l’écurie Williams. Michael Latifi, en prêteur sur gage, a en effet consenti un prêt à Williams, mais à des conditions très strictes.
Rappelons ici que par l’entremise de sa compagnie d’investissements Nidala, Michael Latifi a déjà investi 200M£ (soit environ 350M$ canadiens) dans le Groupe McLaren en mai 2018.
L’écurie Williams, fondée en 1977 par Sir Frank Williams et aujourd’hui dirigée par sa fille Claire, traverse actuellement des moments extrêmement compliqués. Ils sont bien loin les jours glorieux des voitures quasi imbattables et des titres mondiaux décrochés par Alan Jones, Keke Rosberg, Nelson Piquet, Alain Prost, Damon Hill et Jacques Villeneuve.
Après avoir été lâchée par BMW fin 2005, Williams n’a été que l’ombre d’elle-même. Obligée d’engager des pilotes payants pour survivre, l’écurie britannique a aussi changé trop souvent de moteurs et a raté la conception de plusieurs voitures. Le manque flagrant de résultats a fait fuir des commanditaires majeurs comme Rexona, Martini, Randstad, RBS, Philips, Oris et d’autres. En 2018 et 2019, Williams s’est classée dernière au championnat des constructeurs. L’écurie de Sir Frank a vraiment touché le fond.
L’équipe doit en partie sa survie au recrutement du pilote canadien Nicholas Latifi qui, grâce à l’entreprise de papa Michael (les aliments Sofina), apporte plusieurs millions de dollars au moulin. Toutefois, la grave pandémie de la Covid-19 a sérieusement compliqué les choses. Le début de la saison de F1 est retardé et plusieurs écuries, à qui l’argent commence à manquer, ont dû mettre une grande partie de leurs employés au chômage.
Afin de ne pas devoir fermer les portes pour de bon, Claire Williams et le conseil d’administration de l’écurie ont dû prendre des décisions crève-cœur.
En décembre dernier, Williams a refinancé ses emprunts d'entreprise suite à la vente de sa division sœur, Advanced Engineering. L'accord de refinancement, conclu au début d’avril, conserve un partenaire de longue date, la banque HSBC, et comprend également un prêt de Latrus Racing Corp., une société appartenant à Michael Latifi. Cette entreprise a été fondée en 2012 afin de soutenir la carrière de Nicholas en sport automobile, notamment en Formule 3 et en Formule 2.
L’écurie Williams pourrait éventuellement devenir la propriété de Michael Latifi, puisque son prêt est garanti par le contrat de l'équipe pour courir en F1. Selon le journal britannique Telegraph, le prêt serait évalué à au moins 50M£ (soit l’équivalent de 87M$ canadiens).
L’accord avec Williams prévoit une hypothèque sur le terrain et les bâtiments de l'équipe située à Grove au Royaume-Uni, ainsi que sur les installations, tout le matériel d’usinage et les fours autoclaves (une valeur estimée à 30,7M£ (53M$). L’entente inclut aussi une centaine de monoplaces Williams (oui, 100 !) qui ont disputé les Grands Prix depuis 1978. Cela concerne la toute première F1, la FW06 (châssis 05), ainsi que les FW11-Honda, les FW18-Renault ainsi que les trois exemplaires de la FW42-Mercedes utilisée l’an dernier (d’une valeur totale de 20M£ (35M$).
Toutes ces voitures ont été conservées par l’écurie et sont entretenues par Williams Heritage, un département dirigé par l’ancien chef mécano, Dickie Stanford. Plusieurs voitures sont en parfait état de marche et sont régulièrement utilisées dans des événements historiques tandis que d'autres ont été prêtées à des musées.
La semaine passée, le président de la FIA, Jean Todt, et Zak Brown, le patron de l’écurie McLaren, laissaient entendre que la situation actuelle était très préoccupante, et que plusieurs écuries de F1 ne parviendraient probablement pas à survivre financièrement.
Le mal de la pandémie ne touche évidemment pas que la F1. Il est évident que plusieurs écuries d’autres championnats internationaux et nationaux - IndyCar, NASCAR, IMSA, WEC, WRC, d’endurance et de touring - qui font actuellement face à de graves problèmes de trésorerie pourraient bien devoir fermer leurs portes. Espérons qu’une aide puisse leur être apportée afin qu’elles parviennent à survivre et à reprendre leurs activités régulières le plus rapidement possible.