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26 février : Mario Andretti gagne le Daytona 500 contre le désir de son équipe !

26 février : Mario Andretti gagne le Daytona 500 contre le désir de son équipe !

Mercredi 26 février 2020 par René Fagnan
Crédit photo: IndyCar Media

Crédit photo: IndyCar Media

Le 26 février 1967, Mario Andretti a remporté la victoire au Daytona 500 de NASCAR alors que l’équipe qui l’avait engagé a tout fait pour qu’il n’y parvienne pas !

De plus, devant 94 000 spectateurs stupéfaits et déçus, Andretti, pilote de monoplaces, venait de faire la barbe aux as du stock-car des états du Southeast. Il venait de donner une raclé aux idoles de l’Amérique qu’étaient les Bobby Allison, A.J. Foyt, Richard Petty, Buddy Baker et Cale Yarborough.

Mario Gabriele Andretti n’était pas du tout un de ces “Good Old Boys”. Il est né en 1940 à Motovun dans une région qui faisait alors partie de l’Italie, mais qui fut annexée à la Yougoslavie par les troupes nazies. Après des années passées dans un monde communiste, Mario et sa famille, sans le sou, émigrèrent en Amérique en 1955.

Établis aux États-Unis, Mario et son frère jumeau Aldo découvrent rapidement qu’ils peuvent disputer des courses de voitures sur un petit ovale situé près de chez eux à Nazareth en Pennsylvanie. Les deux frères apprennent les subtilités du pilotage sur un ovale de terre battue. Puis, Aldo est grièvement blessé dans un accident, ce qui met un terme à sa carrière.

Mario, qui devient citoyen américain en 1964, est extrêmement doué et gravit vite les échelons, pilotant des puissants Sprint cars qui négocient les virages en dérapage sur un coup d’accélérateur, et non pas en tournant le volant. Il gagne dans toutes les catégories : IndyCar, Midgets, Sprint cars et stock-car. Il décroche une pole position au Indy 500 et récolte deux titres de la série USAC IndyCar.

Andretti, qui est un pilote Ford, obtient un volant pour disputer le Daytona 500 de la série NASCAR Grand National en février 1967. On le place dans l’équipe Holman-Moody où il pilotera la Ford Fairlane No. 11. Son coéquipier est Fred Lorenzen, gagnant du Daytona 500 en 1965 et clairement le premier pilote de l’écurie.

Durant les essais, Andretti est aux prises avec un moteur dont le régime maximal plafonne à 6000 tours/minute au lieu des 7200 comme le font les autres Ford. Il décide donc qualifier la voiture avec un petit spoiler arrière afin de générer moins de traînée et rouler un peu plus vite dans les lignes droites. La Fairlane est instable dans les virages, mais Andretti signe le 11e meilleur temps. Lorenzen est quatrième.

Andretti plaide sa cause auprès des gens de Ford et reçoit un nouveau moteur préparé par Waddell Wilson. Les courses qualificatives commencent et à cause du règlement, Andretti ne peut plus changer son spoiler. Il se retrouve en piste avec un moteur puissant, mais une tenue de route affolante avec un train arrière qui veut toujours passer devant ! En d’autres mots, la voiture tourne toute seule dans les courbes avec un énorme survirage. Il termine sa course qualificative en sixième place après avoir mené quelques tours.

Andretti doit donc piloter sa Fairlane comme un Sprint car. Sur la ligne droite, il longe le muret de protection puis fait pivoter sa voiture afin de plonger au point de corde du virage dans un superbe dérapage des quatre roues.

Lors du Daytona 500, disputé sur 200 tours, Andretti reste dans le groupe de tête en début de parcours, puis prend la tête avec son pilotage spectaculaire, ce qui ne plaît pas du tout à l’équipe et surtout pas à Lorenzen.

Au 163e tour survient la valse des derniers arrêts aux puits. Andretti (en tête) et Lorenzen (second) s’arrêtent en même temps. Toutefois, les mécanos d’Andretti traînent un peu, ne se précipitent pas et gardent la Fairlane soulevée sur les crics pendant quelques secondes supplémentaires, ce qui permet à Lorenzen de repartir devant Andretti !

Ce dernier comprend bien que l’équipe veut voir son rival gagner la course, mais, plus déterminé que jamais, il reprend la piste et pousse son bolide au maximum.

Il rejoint Lorenzen et avec cinq tours à faire, il le double pour prendre la tête de la course. Au 198e tour, le moteur de la voiture de Richard Petty explose, causant une neutralisation. Les 22 secondes d’avance (!) qu’Andretti possédait sur Lorensen s’envolent en fumée. Mais sous les anciens règlements, le drapeau à damier et le jaune sont agités comme prévu au 200e tour et Andretti remporte la victoire.

« Je ne crois pas avoir tourné le volant une seule fois à gauche durant la course ! » s’était exclamé Andretti après sa victoire. À ce jour, Mario Andretti demeure le seul pilote à avoir gagné les 500 Milles d’Indianapolis, le Daytona 500 et le Championnat du monde des pilotes de Formule 1.