Tenter de résumer la carrière et de cerner la personnalité de Roger Penske en seulement quelques paragraphes est pratiquement impossible.
Roger Penske est sans contredit “Monsieur sport automobile” aux États-Unis. Depuis les années 60, ses équipes, ses pilotes et ses voitures ont à peu près tout gagné sur les ovales comme sur les circuits routiers nord-américains et à travers le monde.
Ce bon pilote est devenu le propriétaire de plusieurs écuries de course et d’entreprises générant des milliards de dollars. En fait, Roger Penske possède deux personnalités : celle de l’homme d’affaires qui travaille presque 24/7, et celle de l’insatiable passionné de sport automobile, toujours aussi enthousiaste à guider ses troupes à 83 ans. D’ailleurs, il continue à être le stratège de course d'un de ses pilotes IndyCar, Will Power.
Voyons d’abord M. Penske, l’homme d’affaires. Penske Corporation est une constellation de plusieurs services de location de voitures et de camions, de logistique de transport, des concessions automobiles à travers le monde et des écuries de course. Le chiffre d'affaires consolidé de la corporation dépasse les 32 milliards de dollars avec 3200 points de service qui emploient plus de 64 000 personnes sur la planète.
Penske possède aussi des concessions automobiles d’à peu près toutes les marques dans de nombreux pays, aux États-Unis comme en Europe. Le multimarque ne lui fait pas peur : Acura, BMW, Chevrolet, Ferrari, Honda, Infiniti, Lexus, Mazda, Nissan, Volkswagen, Toyota, etc. Rien ne lui échappe.
Le 4 novembre dernier, Penske a créé la stupéfaction en annonçant son achat du superspeedway d’Indianapolis, de la série NTT IndyCar et d’IMS Production. Penske imite ainsi Bernie Ecclestone quand ce dernier a pris le contrôle de la Formule 1 au début des années 70.
Puis, il y a M. Penske, le grand passionné de course automobile. Né le 20 février 1937, Roger Penske s’intéresse tôt à l’automobile et retape des voitures pour les revendre. Il commence aussi à piloter. Talentueux, il récolte plusieurs titres en SCCA et dispute même le Grand Prix F1 des États-Unis à Watkins Glen à deux reprises, récolant une 8e place en 1961 et une 9e place en 1962.
Penske se rend toutefois compte qu’il est éminemment plus doué pour diriger une équipe que pour piloter. Il fera alors une rencontre déterminante : celle d’un jeune ingénieur, lui aussi pilote : Mark Donohue. Les deux forment un duo redoutable, balayant la série Trans-Am avec les fameuses AMC Javelin. Puis, Penske amène Donahue en série Can-Am, en Winston Cup de NASCAR, le fait triompher à Indianapolis puis le fait courir en F1.
Malheureusement, Donohue perd la vie en 1975 suite à une violente sortie de piste survenue sur l’Österreichring en Autriche au volant de la Penske PC1 de F1. Un an plus tard, sur ce même circuit, John Watson fait de Penske la seule écurie de F1 américaine à avoir gagné un Grand Prix.
Au fil des ans, le Team Penske amasse 18 victoires sur l’anneau d’Indianapolis et plusieurs titres dans les séries CART, ChampCar et IndyCar. Depuis 1991, son écurie NASCAR a récolté 179 victoires en Cup et remporté trois championnats des pilotes. Les écuries Penske ont aussi remporté des titres dans les séries IRL, ALMS LMP2, Australian V8 Supercars et autres. Bref, quand Roger Penske décide de s’impliquer dans une série, ce n’est pas pour faire de la figuration.
Plusieurs rivaux clament depuis longtemps que Roger Penske et ses équipes trichent et qu’ils ne se font jamais prendre la main dans le sac. Celui qu’on surnomme “The Captain” réfute toutes ses allégations. En fait, lui et ses ingénieurs, futés, savent profiter d’une lecture très attentive des livres de règlements. Et ils trouvent des failles à exploiter.
Un bel exemple de cela est la fabrication de la Camaro Sunoco de la série Trans-Am de 1968. La voiture devait provenir de la chaîne de production, ce que Penske a respecté. Toutefois, la voiture nue fut trempée dans un bain d’acide afin d’amincir les tôles autant que possible. La voiture, trop flexible était toutefois très légère. Alors, une imposante cage de sécurité fut boulonnée à l’intérieur, servant à rigidifier le bolide et de points de fixation des suspensions. De plus, cela permettait à l’équipe de placer du ballast aux bons endroits de la voiture afin de la remettre au poids minimum tout en améliorant énormément sa tenue de route.
Les équipes Penske ont aussi été des pionnières dans l’utilisation d’équipement électronique d’acquisition de données, de travail en soufflerie et de réglages effectués sur des aires de dérapages (des skid pads). Avec Mark Donohue comme excellent metteur au point, Roger Penske disposait du fameux “Unfair Advantage” qui a fait sa réputation.