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9 janvier : Victoire surprise de l’écurie canadienne de F1 Wolf

9 janvier : Victoire surprise de l’écurie canadienne de F1 Wolf

Jeudi 9 janvier 2020 par René Fagnan
Crédit photo: Wiki Commons

Crédit photo: Wiki Commons

L’écurie Racing Point de Lawrence Stroll n’est pas la première équipe de Formule 1 à saveur canadienne. En 1977, un autre milliardaire canadien, Walter Wolf, avait créé la sensation avec son écurie qui a bien failli remporter le titre mondial dès sa première saison !

L’aventure débute quand Walter Wolf, jeune Autrichien qui vit dans la pauvreté de l’après-guerre, émigre au Canada avec quelques dollars en poche. Déterminé à réussir dans son pays d’adoption, il enchaine les boulots, investit et fait fortune au début des années 1970 à titre de fournisseur d’équipement lourd destiné au forage pétrolier en mer.

Passionné de sport automobile et désireux de s’impliquer en Grand Prix, il s’associe à Gianpaolo Dallara qui travaille alors chez Lamborghini. En 1973, Dallara avait travaillé à la conception de l’Iso Marlboro F1 que faisait courir Frank Williams. En 1976, Wolf achète 60% des parts de Frank Williams Racing Cars et l’écurie est renommée Wolf-Williams Racing. Harvey Postlethwaite est nommé ingénieur en chef et une Hesketh 308C est achetée, modifiée et rebaptisée Wolf-Williams FW05.

Toutefois, la saison est une catastrophe sportive et financière. À la fin de l’année, Wolf rachète toute l’infrastructure et remercie Frank Williams qui s’en va fonder Williams Grand Prix Engineering. Peter Warr (ex-Lotus) est nommé le team manager de Walter Wolf Racing et Postlethwaite dessine une toute nouvelle voiture qui sera la fameuse WR1. Cette monoplace est sans contredit l’une des plus élégantes F1 de l’Histoire.

Postlethwaite, Patrick Head et un jeune ingénieur alors chevelu, Adrian Newey, conçoivent une voiture simple, légère et facile à entretenir. Plusieurs éléments du châssis sont fabriqués en titane, ce qui procure une excellente rigidité et un poids réduit. Puisque la majorité des circuits visités en 1977 sont rapides, la Wolf à moteur V8 Cosworth DFV est conçue pour générer peu de traînée afin d’être très rapide en ligne droite.

« J’ai demandé des suggestions de pilotes à Harvey [Postlethwaite] et Peter [Warr] » m’a raconté Walter Wolf en 2015. « Harvey m’a dit bien aimer James Hunt, mais notre liste s’est finalement résumée à Niki Lauda, Jody Scheckter, Mario Andretti et Ronnie Peterson. Niki était sous contrat [avec Ferrari] et Jody a accepté mon offre très alléchante... »

Le déverminage de la WR1 a eu lieu le 30 novembre sur le circuit Paul-Ricard en France, soit à peine cinq semaines avant le premier Grand Prix de la saison 1977. La WR1 est peinte bleu nuit avec des parements or du plus bel effet. La carrosserie n’affiche aucun commanditaire à l’exception des autocollants de Castrol, Goodyear, Champion et celui du drapeau canadien. Walter Wolf désire tout contrôler, ne recherche pas un seul sponsor et tient à ce que son équipe soit 100% canadienne. « Je tenais fermement à ce que mon écurie soit entièrement canadienne. D’ailleurs, le plus gros autocollant sur la voiture était celui du drapeau canadien » m’avait précisé Wolf.

Ce qui est à peine croyable est de savoir aujourd’hui que Walter Wolf Racing ne comptait que 28 employés (incluant un jeune machiniste du nom de Ross Brawn...) et que la saison 1977 n’a coûté à Wolf que 530 000 £ (soit l’équivalent de 2,9 M£ en 2019, ou 4,9 M$ CAN, incluant la fabrication de trois monoplaces [les WR1, 2 et 3] et le salaire de Scheckter qui était, selon le magazine britannique Motor Sport, de 600 000 $).

Début janvier, la WR1 est expédiée à Buenos Aires en Argentine pour y disputer sa première course. Il y règne une chaleur accablante, et presque tous les moteurs sont affectés par un problème de vapor lock (l’essence qui se volatilise sous l’effet de la chaleur). Le Cosworth de la Wolf hoquette et ne prend que 9600 des 10 500 tours disponibles. Scheckter est mal qualifié, au 11e rang. Postlethwaite songe au problème et décide de faire déplacer la pompe à essence vers l’arrière de la monoplace afin qu’elle soit refroidie par les filets d’air plus frais. Un pari risqué, mais qui peut rapporter gros.

Scheckter prend le départ et réalise que son moteur tourne sans ennui. Il boucle le premier tour en huitième place. Au 19e tour, il double la Ferrari de Lauda et se retrouve sixième. James Hunt, en tête, abandonne, puis Scheckter double la Lotus d’Andretti durant le 37e tour pour grimper au troisième rang. Ensuite, la Brabham de John Watson abandonne et Scheckter double l’autre Brabham de Carlos Pace pour prendre la tête avec six tours à faire. Le Sud-Africain termine premier avec une avance de 43”24 sur Pace et 46”0 sur la Ferrari de Carlos Reutemann.

L’écurie de Walter Wolf et la WR1 réalisent donc un exploit en remportant la victoire dès leur premier Grand Prix. Par la suite, Scheckter remporte deux autres Grands Prix (Monaco et au Canada à Mosport Park) pour se classer deuxième au Championnat des pilotes. Un résultat stupéfiant pour une écurie de F1 qui n’existait même pas 12 mois auparavant !