La toute première voiture de route portant de nom de Mercedes fut livrée à son propriétaire le 22 décembre 1900.

Tout commence à la fin du 19e siècle. Un riche homme d’affaires autrichien, Emil Jellinek, a une fille, prénommée Mercédès Adrienne Ramona Manuela qui est née le 16 septembre 1889 à Vienne. Malheureusement, quatre années plus tard, Rachel, l’épouse d’Emil Jellinek et jeune maman, décède.

Mercédès (oui, avec des accents sur les lettres ‘e’) est donc élevée par son père et grandit dans un environnement feutré, sa vie étant partagée entre Baden en Autriche et Nice sur la Côte d’Azur. Vénérant presque sa fille unique, Emil Jellinek donne le nom de Mercédès à sa luxueuse villa ainsi qu’à ses yachts.

Papa Jellinek est passionné par la mécanique et s’intéresse particulièrement aux toutes premières automobiles. En 1897, il découvre les voiturettes à moteurs thermiques à essence produites par une entreprise allemande appelée Daimler-Motoren-Gesellschaft (DMG). Cette compagnie a été fondée par Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach et est située près de Stuttgart.

Entrepreneur éclairé et astucieux, Emil Jellinek devient le représentant indépendant de cette marque de voiturettes et les vend à de riches membres de la haute société de Nice. Point crucial : Jellinek n’est pas seulement un habile homme d’affaires, mais il comprend aussi parfaitement les désirs de ses clients et en informe les dirigeants de DMG. La petite Mercédès, qui n’est même pas âgée de 10 ans, accompagne souvent son père lors de ses voyages et elle assiste au développement technologique des premières voitures de série.

Séduit par la tenue des premières courses automobiles, Emil Jellinek inscrit les premières Daimler de compétition à la “Semaine de Nice” en 1899. Puis, il décide de faire fabriquer une voiture de course révolutionnaire, car les bolides de compétition de cette époque n’étaient que des voitures ordinaires peu modifiées et qui, trop hautes, avaient facilement tendance à effectuer des tonneaux.

La voiture pensée par Jellinek aurait un centre de gravité abaissé, une transmission à chaîne, un châssis en tôle d'acier emboutie, un radiateur d'eau en nid d’abeille, un empattement allongé et un poids réduit grâce à un moteur à quatre cylindres allégé d’une capacité de 5,9 litres qui pouvait tourner à un régime maximal hallucinant de 1000 tours/minute !

Jellinek était convaincu que les succès sportifs de cette voiture allaient inciter les clients à l’acheter. Il en a fait construire et acheté 36 à DMG à la seule condition que l’entreprise accepte de leur donner le nom officiel de Mercédès. Le premier exemplaire de la Mercedes 35 HP [35 HP pour 35 chevaux, et notez que les accents sur les lettres ‘e’ ont disparu] fut livré à la jeune Mercédès Jellinek, âgée de 11 ans, le 22 décembre 1900.

Plusieurs experts affirment que cette 35 HP a marqué les véritables débuts de l’automobile moderne, car il ne s’agissait plus d’une simple calèche où l’on avait remplacé les chevaux par un moteur à explosion comme c’était généralement le cas. Cette fois, la conception du châssis et l’implantation du moteur et de ses accessoires avaient été soigneusement réfléchies.

En mars 1901, Jellinek inscrit cinq Mercedes 35 HP dans la course de montagne Nice-La Turbie, une route sinueuse longue de 15,5 km. Wilhelm Werner gagne la course devant Emil Jellinek à la vitesse moyenne de 51,4 km/h avec une pointe à 86 km/h.

Par la suite, Mercedes est entré dans les annales du sport automobile en décrochant des victoires et des titres en Grand Prix, en Formule 1, aux 24 heures du Mans, en IndyCar et en voitures de tourisme, ainsi qu’en établissant des records de vitesse et en remportant des épreuves de légende comme la Carrera Panamericana et les Mille Miglia.