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Qui est Nicholas Latifi, le nouveau Canadien en F1 ?

Qui est Nicholas Latifi, le nouveau Canadien en F1 ?

Mercredi 18 décembre 2019 par René Fagnan
Crédit photo: FIA Formula 2

Crédit photo: FIA Formula 2

Au fil des années, j’ai pu m’entretenir à plusieurs reprises avec Nicholas Latifi, le nouveau pilote de l’écurie de Formule 1 Williams. Je vous propose de découvrir qui est le plus récent pilote canadien de F1.

Les citations de Nicholas proviennent des interviews réalisées à cette époque, d’où l’emploi des verbes au temps présent.

Nicholas Latifi est né le 29 juin 1995 à Montréal. Il est le fils d’un immigrant iranien, Michael Latifi, arrivé au pays sans un sou, mais qui est devenu milliardaire en travaillant dans des restaurants, en investissant beaucoup d’argent et en créant un empire alimentaire, Sofina Foods Inc.

La famille est allée s’installer à Toronto alors que Nicholas n’avait que six mois. Intéressé par les sports mécaniques, le jeune garçon a commencé à courir en karting en classe Rotax Junior et en 2012, il a remporté la Winter Tour en Floride en classe Rotax DD2.

« J’ai couru en karting ici, au Canada, au Québec et en Amérique du Nord, et j’ai aussi disputé quelques courses en Europe » m’a-t-il raconté.

« J’ai commencé à courir en karting relativement dans tard, à 13 ans, alors que mes rivaux avaient commencé à huit ou neuf ans. Ils avaient beaucoup plus d’expérience que moi. J’ai donc dû progresser très vite. »

« J’ai aussi effectué quelques jours de lapping au circuit de Shannonville et une journée sur le tracé du Mont-Tremblant. Puis, en 2012 toujours, je suis allé disputer le Championnat italien d’Europe (sic) de Formule 3 [où il a terminé au 7e rang].  La raison pour laquelle j’ai décidé de courir en F3 est que mon objectif était de monter un jour en F1 et qu’il fallait pour cela que je coure en Europe. »

En 2013, Latifi dispute les championnats britannique et européen de F3 avec Carlin. Puis, il avale deux saisons fort bien remplies où il court en F3 à Macao, au Master de F3, en Championnat d’Europe de F3, en GP2, en Formule Renault 3.5, en Coupe Porsche britannique et en Florida Winter Series de Ferrari où il affronte un certain Lance Stroll.

« Mon programme principal est la Formule Renault 3.5, mais puisqu’on ne peut pas y effectuer d’essais, je cours dans d’autres séries pour accumuler de l’expérience » précisait-il à cette époque.

Latifi a ensuite été recruté en 2016 par l’écurie DAMS de GP2 tout en signant un contrat de pilote de développement avec l’écurie de F1 Renault. « Je sais que je n’ai pas obtenu les résultats espérés jusqu’ici dans ma carrière. Je suis rapide, mais la constance n’est pas au rendez-vous. Les gens ne regardent que si vous gagnez ou pas, mais il y a tellement d’autres choses qui se déroulent derrière les portes closes » m’avait-il confié.

En mai 2016, Latifi effectue son premier essai d’une voiture de F1 à bord d’une ancienne Lotus-Renault E20 de la saison 2012 sur le circuit de Silverstone.

« Ça s’est bien passé. Tout s’est fait progressivement afin de me donner confiance. Le moteur V8 a une sonorité fantastique et est très progressif. Je n’avais pas piloté depuis plus d’un mois et demi et j’ai eu un peu mal aux muscles du cou. Mais ce fut fantastique ! »

En 2017, le Canadien décroche sa première victoire en Formule 2 [la nouvelle appellation du GP2] à Silverstone. Il termine la saison au cinquième rang. La saison suivante, il décroche une autre victoire et se classe au neuvième rang. De plus, il quitte le giron de Renault et signe un contrat de pilote de réserve avec l’écurie de F1 Force India. Il dispute les essais libres du vendredi lors de quelques Grands Prix.

« La saison 2017, disputée avec l’ancienne voiture, fut bonne » m’avait-il expliqué alors. « J’ai obtenu le même nombre de podiums que le champion, Charles Leclerc, mais il a remporté plus de courses que moi ! J’étais confortable au volant de cette voiture. Nous possédions de bons réglages de bases et la voiture était constante de course en course. En 2018, la série a adopté une nouvelle voiture dotée d’un nouveau moteur. Tout ce que nous avions appris, tout je que j’avais appris n’était plus valable. La façon que je la pilotais d’instinct n’était plus bonne. Ce que nous avions appris avec la voiture 2017 ne pouvait être appliqué à la voiture 2018. Il m’était difficile d’oublier tout ce que je savais et repartir sur de nouvelles bases. Après Silverstone, je suis arrivé à la décision que la voiture [2018] ne se comporterait jamais comme je le voudrais. J’ai donc dû apprendre une nouvelle façon de piloter. »

Il poursuit ton analyse : « Mon coéquipier [Alexander Albon] était très rapide et se battait pour le titre, mais par contre, nous avions deux styles de pilotage totalement différents. Je pouvais constater ce qu’il faisait derrière le volant, mais il n’est pas aussi facile qu’on le pense de changer sa façon de piloter. Il ne s’agit pas simplement de copier certaines choses comme de freiner un peu plus tôt, de conserver un peu plus de vitesse dans tel virage ou d’accélérer un peu plus tôt. Je pouvais voir sur les données ce qu’il faisait, mais ce n’est pas si facile de changer tout ce qu’on a appris. À partir de Budapest, je suis devenu plus performant. J’ai connu de la malchance et des accidents, mais je roulais plus vite et j’étais sur une pente ascendante. »

La saison 2019 fut celle de la consécration. Il quitte le giron de Force India (écurie que vient de racheter Lawrence Stroll, le papa de Lance) et signe un contrat de troisième pilote avec l’écurie de F1 Williams. Toujours avec DAMS, il dispute une bonne saison en F2. Il remporte quatre victoires et se classe vice-champion derrière Nyck de Vries. Il conduit aussi la très décevante Williams FW42 à plusieurs reprises au courant de la saison.

Latifi avoue que piloter régulièrement une voiture de F1 au cours des deux dernières saisons l’ont aidé en F2. « Je ne peux pas affirmer que mes progrès en F2 ne sont dus qu’à mon expérience de la F1 » précise-t-il toutefois. « Il y a d'autres choses que j'ai faites hors des circuits qui m'ont aidé. Mais en général, mon expérience de la F1 m'a aidé en raison du temps de piste supplémentaire, du fait que les pneus de F1 et de F2 sont très similaires, et parce que nous pouvons analyser beaucoup plus de données de la voiture en F1. Ces choses, oui, m'ont aidé en F2. »

Dans quelques semaines à peine, Latifi et son coéquipier, George Russell, effectueront les premiers essais de la nouvelle Williams-Mercedes F1. Les deux espèrent évidemment que cette nouvelle monoplace sera plus rapide que l’ancienne... Et pour la première fois, le Canada aura deux représentants réguliers sur les grilles de départ de Grands Prix de F1.