Le promoteur du DTM, l’organisation ITR, a dévoilé hier sa vision de l’évolution de la course de voitures de tourisme (voir nouvelle précédente en cliquant ici), utilisant des véhicules électriques alimentés par la technologie électrique ou de la pile à combustible à hydrogène. Le président de l'ITR, l’ancien pilote de Formule 1, de Voitures de Tourisme et d’Endurance, Gerhard Berger, explique le contexte et sa vision des choses...
L’ITR a présenté sa vision conceptuelle d’une série de voitures de tourisme électriques : que doit-on en déduire concernant l’avenir du DTM ?
« Soyons clairs, nous considérons cela comme une possible expansion au-travers la plate-forme DTM. Nous avons l'expertise nécessaire pour organiser des événements, des années d'expérience dans la création de réglementations techniques efficaces en coopération avec nos manufacturiers et des relations de longue date avec les fournisseurs qui développent et produisent des pièces et des composants. Donc tout cela est faisable à moyen terme, mais c’est encore au stade de projet.»
Il semble que l’ITR travaille sur une proposition de voitures hybrides en DTM et a également commencé à expérimenter de nouveaux carburants synthétiques plus respectueux de l'environnement. Pourquoi alors présenter cette étude de faisabilité électrique ?
« Nous travaillons sur divers projets intégrant des technologies plus durables. Ils disent qu'en sport automobile, si vous restez immobile, vous reculez. Nous envisageons donc plusieurs étapes. C’est ce que vous devez faire si vous voulez façonner l’avenir du sport automobile et le DTM doit en faire partie. Dans le même temps, nous devons être ouverts à ce qui se passe dans le monde de l’automobile. Et bien que les véhicules hybrides et électriques aient quelque peu pris pied, je pense qu’il manquait jusqu’à présent un concept vraiment nouveau pour le sport automobile. Nous discutons actuellement avec un nombre important de constructeurs et de fournisseurs automobiles qui souhaiteraient s'impliquer davantage dans le sport automobile s’il y avait encore plus de nouvelles technologies. Cette proposition leur offre un premier regard sur quelque chose de concret…et d’excitant ! »
L’ancien pilote Gerhard Berger n'est pas connu pour être un fan de la mobilité électrique. Ces derniers mois, tu as formulé des commentaires très critiques sur la Formule E notamment. En quoi ce concept est-il différent des autres projets de sport automobile ?
« J’ai toujours dit que la Formule E était une plateforme marketing justifiée et que je pouvais comprendre pourquoi de nombreuses entreprises s’impliquent. Ma critique visait le sport lui-même, car je pense que les voitures sont trop lentes en Formule E et que le style de pilotage est trop fortement caractérisé par la stratégie et la gestion de l'énergie. Voilà pour mon opinion de la Formule E… Les voitures présentées dans notre étude conceptuelle offrent quelque chose de complètement différent. Ici, nous parlons de voitures de course haute performance qui, comme en DTM, sont rapides et spectaculaires. Un autre avantage est que ces voitures ressembleront à celles que l’on peut acheter chez un concessionnaire : elles seront reconnaissables et distinctes pour chaque fabricant de marque. Les fans seront donc en mesure de s’identifier à ces machines.»
Penses-tu que cette vision du sport automobile restera une étude, ou a-t-elle de réelles chances d’être menée à terme ?
« Cela dépend d'un certain nombre de facteurs. Tout d'abord, la faisabilité technique. Mais nous étudions ce domaine de manière assez intensive et nous devons maintenant faire appel à l’expertise de spécialistes tout en continuant d’évaluer sa faisabilité. Cela inclut les fabricants de batteries et de robots. Naturellement, le financement du développement joue également un rôle majeur.»
Parlons des coûts. Ces technologies ne vont-elles pas les augmenter encore ?
« Il est encore trop tôt pour discuter de détails spécifiques. Comme dans le DTM, les coûts doivent être maîtrisés. Ils ne peuvent pas s’envoler ! Et cela n’est possible que si de grandes parties du développement sont gérées de manière centralisée, avec des composants techniques clés tels que le système de motorisation électrique, l’électronique et la batterie ou la pile à combustible. Nous disposons déjà d'un concept de pièces normalisé efficace dans la série DTM, ce qui nous permet de juger de la situation de manière très efficace.»
Les nouvelles technologies peuvent-elles être compatibles avec le spectacle en sport automobile ?
« J’ai été pilote dans les années 1980 et je n’ai jamais perdu de vue ce que cette décennie nous a donné : des voitures spectaculaires toujours conduites à la limite, incroyablement difficiles à maîtriser et, par conséquent, impressionnantes et convaincantes. Piloter des voitures de course à la limite n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui, mais il faut regarder des images de caméra embarquées des années 1980 : il est évident que les pilotes maîtrisent à peine leur bolide; c’est le genre de course que j’aime.»
En terminant, cette recherche des dirigeants du DTM envers des technologies encore plus novatrices peut-elle se combiner avec des performances qui feront encore rêver les puristes ?
« Oui car avec ce concept, je veux que nous embrassions cette sensation de puissance brute; de la course aux limites de l'adhérence. Pas seulement avec 1000 chevaux sous le pied droit du pilote; mais avec une voiture équipée de technologies de demain, et facilement reconnaissables du public. Il faut que cette nouvelle race de voitures de tourisme soit incroyable à regarder et fantastique à piloter !»