Nous désirons souhaiter un très bon anniversaire de naissance à Jacques Villeneuve, le frère cadet de Gilles, né le 4 novembre 1953 et qui fête aujourd’hui ses 66 ans.
Jacques, qui déteste qu’on l’appelle “Mon oncle” et qui préfère de loin le surnom de “Jacquot”, est toujours aussi passionné tout en étant moins intense qu’auparavant. Il est devenu plus calme, plus posé. Nous avons eu l’occasion de discuter de sa carrière avec lui lors du récent banquet du musée Gilles-Villeneuve.
Après avoir effectué ses débuts en courses de motoneiges, comme son frère Gilles, Jacques passe à l’automobile en 1976 en série Honda (avec une Civic couleur vert pomme) et décroche le titre de champion en 1977.
Il monte ensuite en Formule Ford au volant d’une Crosslé 32F et gagne la course tenue en prélude au Grand Prix du Canada en octobre 1978, imitant son frère qui faisait triompher sa Ferrari No. 12.
Jacquot aurait-il fait de la course automobile si Gilles n’avait pas été son frère ? « Non, probablement pas. On a commencé ensemble en courses de motoneiges. Il a ensuite fait de l’auto et puisqu’il était mon modèle, j’ai aussi fait des courses d’autos » nous a déclaré Jacques.
Il dispute sa première course de Formule Atlantique au Grand Prix de Québec en juin 1979 aux commandes d’une March 78B de l’écurie Bill Brack Racing. Il décroche le titre de Recrue de l’année cette année-là, et devient champion de la série en 1980 et 1981 avec Doug Shierson. Son passage en Formule Atlantique marque le début de sa longue relation avec Chuck Matthews qui sera son ingénieur de piste pendant plus de 15 ans.
Fin 1980, Gaston Parent, l’agent d’affaires de Gilles, obtient que Jacques effectue un essai en Formule 3 avec l’écurie Euroracing de Paolo Pavanello. Jacquot fracasse le record de piste et se voit offrir deux saisons payées en Championnat d’Europe de F3 avec Euroracing avec la quasi-certitude de monter en F1 au sein de l’écurie Alfa Romeo. Contre toute attente, il décline l’offre.
« Depuis sa jeunesse, Gilles savait qu’il allait courir un jour en F1. Par contre, la F1 ne me tentait pas autant que lui » nous confie Jacques. « J’étais marié et j’avais une maison. Je ne me voyais pas risquer tout ça pour monter en F1 trop vite. Gilles avait roulé à bord de la McLaren quand Enzo Ferrari l’a contacté. Moi, j’ai eu un appel pour courir en F3 et il fallait que je sois installé là-bas en une semaine. Je ne parlais pas l’italien et la vie là-bas était trop différente. Aux yeux de bien des gens je n’ai pas été assez brave pour le faire. Je roulais bien en Atlantique et je gagnais des courses. Gilles a toujours eu les yeux rivés sur la F1 et il était très clair que son but ultime était la F1. Moi, non. J’étais trop satisfait de ma vie nord-américaine. Je ne voulais pas gâcher tout cela si jamais ça ne fonctionnait pas en F3. Pour moi, l’Atlantique, la Can-Am et l’IndyCar étaient des séries tout aussi attirantes que la F1. »
Jacquot a quand même goûté à la F1. Il tente sa chance au Canada puis à Las Vegas en 1981 à bord d’une Arrows A3. Sans succès. Puis en 1983, Canadian Tire lui loue une RAM March 01 à Montréal, mais il rate encore sa qualification.
Toujours en 1983, il pilote une Frissbee GR3-Chevrolet en série Can-Am et décroche le titre. En 1984, il monte en série IndyCar avec le soutien de Canadian Tire. Il est rapide sur les circuits routiers, mais accumule les accidents sur les ovales, ce qui fait de lui la risée de ses détracteurs.
Un an plus tard, il décroche une victoire à Elkhart Lake après avoir effectué un tête-à-queue sur une piste rendue glissante à cause d’une averse. Mais c’est peut-être trop peu, trop tard pour Canadian Tire qui n’est pas satisfait des résultats. Sa saison se termine sur une note décevante quand Jacques s’accroche avec le meneur, Bobby Rahal, sur le triovale de Sanair.
« Jacques a été très critiqué pour avoir eu des accidents sur les ovales, mais la raison réelle était que personne au sein de l’équipe, moi y compris, avait fait rouler une voiture sur un ovale auparavant. Nous n’avions aucune idée de ce que faisions » a déclaré Chuck Matthews dans les pages de MotorSport Magazine en 1998.
Jacquot affirme néanmoins que la March 85C d’IndyCar a été l’une de ses voitures préférées. « C’était une très bonne voiture » ajoute-t-il. « L’équipe l’avait fait modifier pour moi, car assis très bas je voulais mieux voir mes pieds et l’avant de la voiture. Les premières courses [de 1985] se sont bien déroulées, mais quand Canadian Tire a décidé de tout arrêter, ça a détruit l’atmosphère. Nous n’avions plus les moyens [financiers] de rouler et ça s’est arrêté là ».
Au cours des années suivantes, Jacques a effectué de nombreuses piges en stock-car, en motoneiges, en Atlantique, en IMSA et même en F1600. Il a aussi poursuivi sa carrière en motoneiges, remportant des succès, mais en se blessant gravement aussi, et il en conserve les séquelles physiques.
En 2014, il a reçu un diagnostic de cancer de l'intestin. Il a été traité par chimiothérapie et sa santé est maintenant stable.
« Je suis satisfait de tout ce que j’ai fait. Y’a des gens qui auraient aimé me voir faire autre chose que ce que j’ai fait. Je ne peux pas réellement parler pour lui, mais Gilles et moi courrions pour nous satisfaire, pour nous faire plaisir. Il m’est arrivé d’avoir des accidents, mais ça fait partie de la “game”. On tourne la page et on continue » affirme-t-il.
« J’aurais continué à courir en motoneiges, mais j’ai réalisé les risques que je prenais. Auparavant, je n’avais jamais pensé aux risques. Je me suis cassé les jambes, les chevilles, et puis vers la fin de ma carrière, j’ai commencé à penser aux risques pour la fin de mes jours avec mon épouse [Céline]. Je voulais qu’on vieillisse ensemble ».
Faut croire qu’il est devenu raisonnable, Jacquot...