Top 6 national au Rallye de Charlevoix, pour le 3ème événement qui marquait son retour à la compétition après 15 ans d’absence, le Lavallois Yves Barbe a ainsi complété sa saison 2019. 3 rallyes, avec le Gaspésien Ian Guité (photo avec Yves ci-dessus) comme co-pilote, qui lui ont à peine permis de se familiariser avec les nouveautés de la discipline aujourd’hui.
Quel bilan dresse-t-il de tout cela ? « Au Baie-des-Chaleurs fin juin, j’ai pris conscience que l’évolution de cette discipline automobile avait fait un pas de géant. D’abord les voitures ont atteint un niveau de performance impressionnant. La technologie a fait un bon surprenant depuis mon retrait de la compétition en 2004. Ensuite, le système de notes qui permet d’aller plus vite partout au fil des kilomètres. Et ensuite, les nouveaux règlements qui permettent de repartir après un abandon. Le (super rallye) qui pénalise en temps, mais qui te permet d’amasser des points au Championnat, même si tu n’as pas parcouru la distance totale du rallye » sont quelques-uns des éléments relevés par l’ancien multiple champion québécois.
« Bon, ceci étant les premières constatations, je dois m’y faire puisque c’est comme ça aujourd’hui » ajoute Yves, qui précise : « J’ai quand même terminé mon premier rallye en 12ème place et j’ai ramené la voiture intacte. Ensuite, mieux préparé, j’étais prêt pour affronter le Rallye Défi en septembre. Ian Guité, mon co-pilote, et moi avions eu de bonnes reconnaissances et avions amélioré nos notes un peu plus à ma vision de cette nouvelle procédure. Malheureusement, un bris moteur est venu mettre fin à nos efforts pour devenir meilleurs ».
Yves comptait sur ce rallye pour s’améliorer, disputer une bonne pratique pour être fin prêt en vue du Rallye de Charlevoix, l’épreuve sur laquelle il misait le plus, alors qu’elle avait en quelque sorte contribué au déclic de son retour, comme il le souligne : « C’est l’hiver dernier, lors d’une randonnée de motoneige avec Patrice Harvey, de Publimage, à La Malbaie, qu’est parti l’idée d’un retour en compétition. Et Charlevoix était l’événement qui devait être mon retour. Mais comme je voulais être compétitif à ce rallye, j’avais décidé de faire 2 rallyes un peu avant pour me pratiquer. Je n’en ai finalement eu qu’un seul avec mon abandon au Défi. Honnêtement, je me sentais prêt, tout en sachant qu’il me manquait d’expérience avec la voiture et le système de notes ».
Pour Yves Barbe, 66 ans, revenir à la compétition est un défi de taille. Sans chercher à sa battre avec les jeunes pilotes, il souhaite surtout marquer des points, être régulier aux avant-postes. « Je me suis rendu compte que je me bats encore avec la voiture. Elle a plus à me donner que je ne suis capable d’exploiter. Je constate que la Subaru WRX STI est une voiture avec beaucoup de couple et non à haute révolution comme mon ancienne Talon à mécanique Mitsubishi. Et les rapports courts de la boîte de vitesses me jouent des tours face à certaines courbes. Je suis encore à apprendre ces petits secrets et ça demande du temps et de la pratique. J’ai toujours dit que ça prend entre 5 et 8 rallyes pour vraiment être bien adapté à une nouvelle voiture. Le pilote et la voiture doivent faire un. Faire partie de l’ensemble mécanique. On dit que le cerveau moteur contrôle tout, et c’est pareil pour le pilote et la voiture. Le cerveau de l’homme et la voiture doivent se fusionner pour atteindre l’homogénéité de la performance » déclare-t-il.
Autre aspect important, les notes prises durant les reconnaissances. « Ian a fait un travail remarquable en m’initiant à ce nouveau système. Mais je constate que je dois faire mes propres notes et abrégé celles-ci pour avoir une meilleure concentration » souligne Barbe, « et la communication doit être plus souple selon moi, car je perds le fil des indications lorsqu’il y en a trop. Même si le Rallye de Charlevoix s’est bien passé, il reste beaucoup de choses à peaufiner. Je ne sais pas si je vais atteindre le niveau des mentors actuels, mais je vais sûrement m’améliorer. La passion est intacte. Le sens de la compétition aussi. Mon coup de volant me semble à point. Mon âge avancé ne m’a pas posé problème jusqu’à présent. Ma sixième place au Rallye de Charlevoix le week-end dernier, me permet de croire que ça devrait être mieux l’an prochain ».
Lors du 5 à 7 de lancement de l’événement, nous avions indiqué voir Yves terminer Top 5. Avait-il pris cela comme la volonté de lui mettre de la pression ou une blague ? Nous étions pourtant sincères car c’est à cette place que nous l’avions vu. Pronostic réussi, à une place près. Ceux qui voient les choses négativement pourront toujours dire qu’il a terminé derrière deux voitures de classe 2 roues motrices, tandis que les enthousiastes mentionneront que, contrairement à beaucoup de concurrents de la nouvelle génération, sa patience a permis d’amener la voiture à l’arrivée sans souci majeur.
Alors soyons tout simplement... réalistes, et disons que Barbe a disputé un bon événement, malgré son inexpérience des subtilités du rallye d'aujourd'hui. De quoi motiver un peu plus le pilote en vue de la saison 2020 ? « Oui, je travaille à rechercher des commanditaires pour faire le Championnat canadien l’an prochain. C’est la partie la plus difficile mais la plus importante. Tout le monde sait que la compétition automobile demande un budget élevé. Et ma plus grande motivation qui m’oblige à revenir, c’est l’accueil chaleureux de mes anciens et nouveaux supporteurs. Partout où je suis allé cette année, les gens m’ont encouragé et apprécié mon retour. Je n’ai eu que des conversations positives avec ceux-ci. Et dans Charlevoix, ce fut hors du commun ».
Pilote toujours très spectaculaire à l’époque où il visait la victoire toutes-catégories à l’événement, Yves s’est rappelé de faire plaisir au public, venu très nombreux assister à cette édition 2019 du Rallye de Charlevoix, par un saut pour le moins réussi lors de la dernière spéciale : « je tenais à faire plaisir aux spectateurs lors de mon dernier passage au "jump" de Clermont. J’y suis allé pour le spectacle et non pour la performance. C’est ce que la foule réclame, un bon spectacle. Une semaine après le rallye, j’en entends encore parler » explique-t-il.
Pour Yves Barbe, cette saison partielle en 2019 a été celle de l’apprentissage du rallye "moderne". « Je veux m’améliorer et avoir la sagesse de reconnaître mes faiblesses pour les surmonter. 2020 sera, je l’espère, une meilleure année pour nous. Et tout dépendra du budget trouvé pour la continuité de ma participation à ce Championnat canadien des rallyes » conclut-il.
La saison 2020 débutera avec le Rallye Perce-Neige, à Maniwaki (Haute Gatineau), le 1er février.