La fin de semaine dernière, la série IndyCar présentait sa traditionnelle course annuelle sur l’ovale du Pocono Raceway, en Pennsylvanie. Remportée par Will Power, le pilote australien du Team Penske, l'épreuve de la série reine de monoplaces en Amérique du Nord a de nouveau fait polémique. Et pour cause...
L'IndyCar présente depuis les années 1970 un calendrier partagé entre circuits routiers, permanents ou urbains temporaires, et pistes ovales. Les fans et les pilotes ont une opinion partagée sur ce mélange d'épreuves. De tout temps, els courses sur ovale ont démontré être plus dangereuses que siur circuit routier, mais elles font partie d'une certaine tradition américaine. Toutefois, avec l'évolution des performances, ces monoplaces ont-elles encore leur place sur un ovale ? Pocono a relancé la question.
Car pour une troisième fois en moins de cinq ans, un accident aurait pu coûter la vie à un pilote dimanche. Heureusement, cette fois Félix Rosenqvist, qui a été transporté à l’hôpital, n’a pas subi de blessure grave. Mais lui, Ryan Hunter-Reay, Alexander Rossi, James Hinchcliffe et Takuma Sato, celui qui a provoqué le carambolage après seulement... 30 secondes de faites à la course, ont été très chanceux !
Rappelons qu'en 2015, le Britannique Justin Wilson est décédé à Pocono après avoir reçu des débris de la voiture de Sage Karam sur la tête. L’an dernier, le Canadien Robert Wickens avait fait les manchettes mondiales pour les mauvaises raisons alors que l’ex-pilote de DTM avait été victime d'un impressionnant choc avec les grillages, après que sa monoplace ait décollé suite à un contact avec Hunter-Reay. Depuis, Wickens demeure paralysé des jambes et ses efforts de rééducation impressionnant à chaque jour.
Suite à l’accident de dimanche dernier, c'est justement Wickens qui a ramené le choix de rouler à Pocono au devant de la scène en publiant sur les réseaux sociaux un commentaire où il déplore le fait que la série visite encore ce tracé fatal. « Combien de fois devons-nous revivre la même situation avant que nous acceptions le fait que l’IndyCar ne devrait pas courir à Pocono ? » a-t-il écrit. « C’est une relation toxique et c’est le temps de penser au divorce. Je suis très heureux de savoir que tout le monde est OK après cet accident (à ce que je sache) » a ajouté l'Ontarien. Sage Karam a donné écho aux propos de Wickens, stipulant que la série ne devrait pas retourner sur ce tracé surnommé "The Tricky Triangle" (le triangle piégeur).
D’autres en revanche, comme Will Power qui a signé un troisième gain sur ce tracé dimanche, ne pense pas que l’IndyCar devrait quitter Pocono; stipulant que ces voitures sont faites pour cet ovale.
On peut toujours dire que c'est l'inconscience de Takuma Sato qui a provoqué le carambolage de dimanche et qu'il aurait pu se produire ailleurs. Sato maintient d'ailleurs que ce n’est pas de sa faute, tandis que Rossi déplore son geste agressif du premier tour qui a créé cet accident. « Je n’ai pas eu un bon départ et c’est de ma faute », de dire Rossi. « Mais nous étions trois de large : Ryan était à l’extérieur, j’étais au milieu et Takuma était à l’extérieur. J’ai de la difficulté à m’imaginer, après l’accident de l’an dernier, comment Takuma peut penser que c’est acceptable de piloter comme ça. De tourner sur deux voitures, à cette vitesse, dans ce virage alors que nous avons une course de 500 milles (800 km) a été une très mauvaise décision et cela m'a peut-être coûté le championnat » ajoute celui qui ne remet toutefois pas en cause la présence de la série sur l'ovale de Pennsylvanie.
Pour l’instant le contrat n’est pas renouvelé entre IndyCar et Pocono, et les rumeurs veulent que cela puisse être le Richmond International Raceway en Virginie qui pourrait le remplacer en 2020 ou 2021.
Quoi qu'il en soit, cet accident de dimanche, qui n’a heureusement pas fait de blessé, relance toutefois le débat de monoplaces d'une telle puissance sur les tracés ovales. La plupart des décès en IndyCar, depuis les tous débuts, se sont déroulés sur des ovales. le mythique Indianapolis compte à lui seul plus de 25 décès.
La mort de Dan Wheldon, au Las Vegas Speedway en 2011, avait suscité une forte prise de conscience en IndyCar, alors que la série avait introduit un nouveau châssis couvrant les roues pour éviter d’autres accidents de cette envergure. Toutefois, si les roues ne sont plus autant exposées qu’avant et que la tête du pilote est légèrement mieux protégée, cela n’enraye pas le problème des ovales.
Les vitesses atteintes sur ce stracés sont impressionnantes. À Indianapolis, les pilotes évoluent entre 378 et 386 km/h, roues contre roues. Est-ce logique ? Le corps humain peut-il vraiment supporter des chocs contre le mur en cas d'accident à ces vitesses ? L'Indy 500 est trop important aux États-Unis pour être remis en question et c'est bien normal. Mais ne faut-il pas limiter drastiquement les performances des voitures sur ce type de super ovale pour arriver à des moyennes proches des épreuves sur circuit routier, où les vitesses sont modérées grâce aux virages, zones de freinage et réaccélérations ?
L'IndyCar ne reviendra peut-être pas à Pocono, mais les pilotes visiteront toujours des tracés qui invitent à de très grandes vitesse, comme l'ovale du Texas, Indy et d'autres. Lorsque les NASCAR s'illustrent sur ces super ovales, les pilotes sont protégés par l'habitacle de leur voiture, et les roues le sont également... Ceci n'est évidemment pas le cas en IndyCar. Alors est-ce que ces voitures ont encore leur place sur les tracés ovales ? C'est un débat qui a été relancé suite aux incidents de ce dimanche, mais qui ne sera sans doute jamais totalement fermé.