L'écurie Williams fut à une certaine époque l’équipe à battre dans les pelotons de Formule 1. Si les débuts, sous son propre nom en 1977, furent difficiles, l’équipe anglaise fondée par Frank Williams et son directeur technique Patrick Head, s’est imposée comme étant la plus rapide dès la fin de la décennie. En 1980, Williams remportait son premier titre mondial des pilotes avec l'Australien Alan Jones. 6 autres titres allaient être obtenus, le dernier par Jacques Villeneuve en 1997.
Entre 1980 et 1997 Williams a aussi remporté 9 championnats des constructeurs, un record qui a plus tard été battu par Ferrari. Mais le début des années 2000 fut plus compliqué, malgré un partenariat intéressant avec BMW qui permit à Juan-Pablo Montoya et Ralf Schumacher de décrocher des victoires. Nico Rosberg, à ses débuts en F1 avec l'écurie, réalisa quelques-uns belles performances en dépitdu fait que Williams ne disposait plus d'ententes avec des motoristes étant également partenaires.
Ainsi, en 2013, Williams glissait au 9ème rang au final de la saison, une année marquée également par la fin de la fourniture des moteurs Renault. En 2014, Williams F1 parvint tout de même à se payer les moteurs Mercedes, et la saison fut excellente avec la 3ème position au championnat des Constructeurs. Mais depuis, c'est la descente aux enfers...
Alors pourquoi est-ce que l’équipe anglaise connaît une telle situation aujourd'hui ? En 2017, Williams avait tout de même décroché in-extremis sa place dans le Top 5 au championnat des Constructeurs, aidée notamment par les points accumulés par Lance Stroll lors de son podium au Grand Prix de Bakou et l'expérience de Felipe Massa. Mais l'an dernier, alors que Williams avait opté pour deux jeunes pilotes assez inexpérimentés, soit Stroll et le débutant russe Sergey Sirotkin, l’équipe a connu le pire résultat de son histoire en F1 : la dernière place au championnat des constructeurs avec seulement 7 points, alors que Toro Rosso, en 9ème position, en avait récolté 33 points !
Cette saison voit le retour du vétéran Robert Kubica, accompagné du jeune George Russell, champion 2018 de Formule 2. Si Williams avait une lueur d’espoir avec ces deux pilotes, leur début de saison est plutôt raté ! Russell a fini avant-dernier avec 2 tours de retard sur le vainqueur dimanche dernier à Melbourne, devançant son coéquipier Kubica, qui comptait 3 tours de retard sur Bottas et sa Mercedes victorieuse !
Cela n'a surpris personne. En Espagne lors des essais présaison, on avait eu un avant goût du désastre qui s'en venait, la monoplace 2019 (dénomée FW42) n'étant pas en mesure de prendre la piste lors des 2 premiers jours, le seulchâssis disponible n'étant pas fini d'être assemblé ! Dans ce cas, c'était carrément une première fois depuis 1977 qu'une monoplace Williams de F1 manquait à l'appel des premiers essais de l'année.
Avec ce retard de développement de la FW42 par rapport aux autres compétiteurs, une fois en piste, la voiture n'a eu que de piètres performances. Qualifiés sur la dernière ligne, Russell et Kubica ont été classés 16ème et 17ème grâce aux abandons de Romain Grosjean (Haas), Daniel Ricciardo (Renault) et Carlos Sainz (McLaren).
Pour George Russell, 21 ans, c’est un coup dur alors qu’il était rempli d’espoir pour ses premiers tours de roues en F1 : « c’est très décevant que nous ne soyons pas au même rythme que tout le monde. Nous avons fait un arrêt aux puits de plus pour essayer toutes les gommes de pneus, en vain. C’est là où nous en sommes en ce moment. Nous avons beaucoup de travail pour essayer de comprendre et améliorer la voiture. Je ne suis pas intéressé à me battre avec Robert pour la dernière place, nous devons travailler ensemble » a spécifié le jeune anglais.
Quant à Robert Kubica, sa monolace a subi quelques dommages lors du départ, le forçant à revenir aux puits dès la fin du premier tour, ce qui pourrait expliquer son 3ème tour de retard sur les meneurs à l'arrivée, mais guère plus. Les deux pilotes s’entendent pour dire qu’ils s’attendaient à ce résultat, « ça n’a pas été une course facile, mais nous savions ce qui nous attendait avant le départ » explique Kubica. Tandis que George Russell confirme : « je suis quand même fier de mon travail, car nous sommes arrivés en Australie sachant très bien à quoi s’attendre, et j’ai accompli chacun de mes buts.»
Clairement, Williams ne sera pas dans la bataille pour le Top 3 au championnat, ni même dans le milieu de peloton. Mais est-ce qu’une écurie indépendante qui brillait il y a encore quelques années peut revenir et attaquer les plus grosses équipes ? Si Liberty Media met à terme son plan d’équilibrer les revenus entre les équipes, peut-être alors Williams pourra se sortir du trou et redevenir une équipe qui se bat pour la victoire.
Car le plus gros problème de cette équipe est qu'ele peine depuis plusieurs années à trouver le financement nécessaire pour développer sa structure F1 à long terme. L'entité Williams hors F1 fonctionne pourtant et a du succès en vendant ses technologies (Williams était par exemple le sous-traitant fabricant le système hybride des prototypes Audi LMP1 d'Endurance il y a quelques années), mais l'équipe de F1 gérée aujourd,hui par Claire Williams, la fille de Sir Frank, n'arrive tout simplement à suivre le mouvement en F1 où les coûts sont toujours plus élevés.
Certes, la famille Stroll d'un côté et le budget des boissons Martini ont permis à Williams de fonctionenr normalement les trois dernièrres années, mais le fait que son personnel technique a complètement raté la voiture de l'an dernier a eu des conséquences importantes : Stroll et Martini sont partis chacun vers d'autres horizons et Williams doit désormais tout reconstruire au sein de son équipe de F1. La saison 2019 qui vient de débuter sera critique, c'est une certitude. Reste à espérer que Williams ne connaisse pas le même sort que Brabham autrefois...