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Les compagnies de tabac de retour en Formule 1 : Une nouvelle ère pour le sport automobile ?

Les compagnies de tabac de retour en Formule 1 : Une nouvelle ère pour le sport automobile ?

Mercredi 13 février 2019 par Eliane Gilain
Crédit photo: Ferrari Media

Crédit photo: Ferrari Media

L’an 2006 a marqué le monde de la Formule 1, et du sport automobile, comme étant la dernière où les publictés des marques de tabac apparaissaient sur les voitures de course en Formule 1 et un peu partout ailleurs dans le monde, avec de minces décalages d'un an de plus ou de moins selon les pays (hormis la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne où les interdictions remontaient déjà au siècle dernier).

Toutefois, certaines de ces compagnies, telles Philip Morris qui était resté commanditaire de Ferrari, et maintenant British American Tobacco, ont décidé de ne pas abandonner tout à fait le sport automobile et vont même intensifier leur implication en Formule 1 cette saison.
 
Chez Ferrari, on n'a jamais cessé de recevoir la commandite de Philip Morris, avec notamment en peinture un code-barre masquant la marque Marlboro sur l’aileron arrière durant quelques années. Par la suite, l’écurie italienne avait dû enlever ce code-barre, devenu un symbole trop évident du nom Marlboro aux yeux des législateurs des lois antitabac.

L'an dernier, la mention "Mission Winnow" est apparue sur l'aileron arrière des monoplaces de Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen lors du Grand Prix du Japon. Mission Winnow est même désormais dans le nom officiel de l'équipe inscrite à la saison 2019, avec vettel et le jeune Charles Leclerc comme pilotes titulaires. Mais qu'est-ce que Mission Winnow ? Il s'agit d'une marque du groupe Philip Morris dédié au remplacement des cigarettes par des produits sans fumée.

McLaren sera la seconde équipe commanditée par un groupe majoritairement connu pour ses produits du tabac cette saison. En effet, elle a signé une entente semblable à celle de Ferrari, mais avec British American Tobacco (BAT) cette fois. BAT était notamment le copropriétaire de l’écurie British American Racing (BAR) de 1997 à 2005. De retour en Formule 1 avec McLaren, l'entreprise passe quant à elle le message de collaboration et de partage de l’expertise des technologies, par exemple des batteries, des matériaux et des designs. On est donc encore plus loin de sproduits du tabac que Philip Morris avec Ferrari !
 
Toutefois, est-ce vrai que BAT a un département dédié à la confection de batteries et à l’avancement technologique des Formule 1 ? On se pose sérieusement la question : est-ce là une explication satisfaisante pour contourner les règlements des lois antitabac ou une réelle diversification ? « BAT s’engage à présenter un portfolio de produits qui pourraient potentiellement réduire les risques, et de donner un meilleur futur à ses consommateurs » mentionne le communiqué de presse de BAT publié cette semaine. Pas très clair à vrai dire...
 
Philip Morris de son côté se trouve dans l’eau chaude en Australie alors qu’une enquête a été ouverte parce que l’on accuse la marque américaine de ne pas respecter la loi antitabac nationale. La compagnie se défend de cette accusation.
 
Ceci ramène sur la table le débat de l’implication des compagnies de tabac en sport automobile. Au Canada, la filière Player's avait permis à beaucoup de pilotes moins nantis de grimper les échelons du sport jusqu'aux plus hautes sphères. Même chose, dans une moindre mesure, avec Export "A" qui fut commanditaire-titre d'un passionnant championnat de F2000 et du Rallye de Charlevoix à l'époque où celui-ci commençait à briguer une incription en Championnat du monde, et plusieurs autres marques (notamment Rothmans qui commanditait la Coupe Porsche 944). Lorsque ces compagnie sont été forcées de quitter le monde du sport automobile, une nouvelle ère est arrivée, celle des pilotes ayant du talent, certes, mais également de bons budgets. Pour tous les autres, des années difficiles débutaient...
 
Est-ce que le retour, par la porte arrière, des compagnies de tabac pourraient réactiver des filières qui furent exceptiuonnelles pour le développement de pilotes comme nous les avons connues autrefois ? Le sport automobile semble avoir pris une tangente favorisant les pilotes payants, mais les choses peuvent changer. Si le retour de ces compagnies sur le marché de la commandite du sport automobile, avec d'autres produits à promouvoir que les cigarettes, s'intensifie dans les prochaines années, souhaitons que cela bénéficie aux pilotes, aux événements, bref à tout ce qui gravite dans le milieu, d’une quelconque manière.