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Rencontre Chris Reinke (Audi Sport) : Comprendre la différence entre équipes officielles et privées…

Rencontre Chris Reinke (Audi Sport) : Comprendre la différence entre équipes officielles et privées…

Samedi 26 janvier 2019 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Audi Media

Crédit photo: Audi Media

Le principe des courses d’Endurance où sont admises des voitures de catégorie GT3 (classe GTD en IMSA) est de voir des équipes privées disputer de grandes épreuves. Des équipes totalement privées ? Le débat fait rage dans le monde de l’Endurance entre ceux qui voient la griffe des manufacturiers en arrière d’engagements supposément privés et ceux qui tiennent absolument à un engagement sans appui du constructeur.

La présence à Daytona ce week-end d’une Audi de l’équipe WRT en partenariat avec Audi Canada nous a donné un accès direct à un dirigeant responsable de la compétition client : Chris Reinke, d’Audi Sport. Ancien responsable du programme Audi en prototype LMP1, il a répondu à nos questions et fait le point sur la catégorie GT3 mais aussi sur sa vision de l’avenir de l’Endurance, et même du DTM…

Dans la catégorie GTD, parmi les 4 équipes qui représentent Audi ce week-end, trois d’entre elles sont débutantes avec une R8 sur ce circuit si spécifique qu'est Daytona. Pourquoi n’avoir pas inscrit des équipes plus familières avec cette course ?

Nous ne décidons pas quelle équipe sera en piste ou non. Nous offrons un service d’assistance et de support en course à des clients. Nous fonctionnons grâce au fait que nos clients ont confiance en nos produits, on ne peut donc pas dire qu’il y a une ou des équipes officielles Audi en IMSA, contrairement à d’autres courses de GT3. Par exemple, nous avons des engagements plus stratégiques pour la marque aux 24 Heures du Nürburgring et de Spa, ainsi qu’au Grand Prix de Macao. En Allemagne aussi, nous sommes impliqués directement avec certaines de nos équipes. Pour ce qui est de la difficulté de débuter à Daytona, je sais que les équipes Audi Sport qui sont ici ce week-end, comme WRT avec Audi Canada, sont très expérimentées dans d’autres séries et je ne considère pas que leur engagement est de faible calibre pour cet événement.

Derrière ce principe d’offrir un support aux équipes privées qui engagent des GT3, on parle de combien de GT3 Audi qui sont présentement inscrites dans différentes séries à travers le monde ?

Au total, nous avons plus de 500 voitures en circulation, mais pas uniquement en GT bien sûr. Il  a toutes les voitures de tourisme. Les R8 LMS de GT3 représentent environ 80 d’entre elles, sur les circuits partout dans le monde. Ici en IMSA, nous supportons des équipes privées qui s’engagent pour les courses qui les intéressent, avec le personnel qu’elles sélectionnent.

Concernant l’équipe WRT, outre le GT, elle va débuter cette saison à titre de privée en DTM. Pourquoi avoir permis l’introduction d’équipes privées en DTM alors que ce n’était jusqu’ici pas la philosophie de cette série depuis plus de 20 ans, où l’on favorise plutôt la participation de constructeurs ? 

Le DTM est effectivement une série de constructeurs à la base et les équipes privées qui joignent la série demeurent dans le giron des constructeurs. Mes commentaires n’engagent que moi, parce que je ne suis pas en charge de ce programme, mais je crois que le DTM a beaucoup de défis à relever actuellement. Il faut passer par un processus de transformation et l’un des défis de cet hiver était d’augmenter la participation après le départ de Mercedes. C’est là que l’idée d’intégrer des équipes privées s’est présentée et que WRT s’est montrée intéressée par l’expérience du DTM avec le support d’Audi Sport.

Quelles sont les ambitions d’Audi pour ces 24 Heures de Daytona 2019 ?

Nous avons 4 voitures au départ, une seule peut gagner… Il est certain que nous ne sommes vraiment pas contents de la situation actuelle qui défavorise les R8 en classe GTD, au niveau de la balance des performances (BoP). Par contre, la météo pourrait jouer en notre faveur avec de la pluie qui apparaît comme de plus en plus probable. Mais désormais, la course est lancée, nous laissons toutes les discussions derrière nous pour l’instant en souhaitant faire un boulot sans faille et, qui sait, nous aurons peut-être notre chance pour la victoire. 

Au sujet du futur des courses d’Endurance, avec les nouvelles réglementations favorisant les voitures de type Hypercar qui seront appliquées d’ici 2 ans, peut-on espérer voir Audi revenir aux 24 Heures du Mans dans un avenir rapproché ?

Nous n’avons pas de voiture Hypercar dans notre gamme, donc pour l‘instant Audi n’est pas concerné par ce nouveau règlement. Je crois que nous avons été particulièrement chanceux de faire partie d’une époque extraordinaire avec des voitures aux développements technologiques intenses, que nous ne sommes pas près de revoir de sitôt. Ça définissait parfaitement l’ADN d’Audi en sport automobile, soit être capable de relever des défis technologiques, pour transférer cette technologie de course vers les voitures de route. Cette époque est maintenant terminée, il n’y aura plus de prototypes comme cela. Nous avons donc quitté Le Mans. Mais une partie de notre héritage demande de retourner vers cet ADN, vers cette base et je crois qu’un jour, nous retournerons au Mans. Mais il est également important de prendre des décisions selon les circonstances et nous avions besoin d’une pause. En fait, je pense que nous sommes mieux de ne pas y aller pour le moment.

De tous les pilotes que tu as côtoyés dans le programme LMP1, en DTM ou en GT3 aujourd’hui, quel est celui qui t’as impressionné le plus ?

J’ai travaillé avec de très grands pilotes et j’ai eu l’opportunité de devenir très proches et même amis avec plusieurs. Tout le monde a ses forces et ses faiblesses et à la fin, nous avions tous le même but, celui de la réussite. J’ai 3 filles, c’est la même chose si on me demande laquelle je préfère, je les aime toutes pareilles.