Lawrence Strulovitch, connu sous le nom de Lawrence Stroll dans la vie de tous les jours, est un homme d’affaires plutôt privé. Si vous ou votre enfant avez fait du karting dans les années 2000 au Québec, vous l’avez certainement aperçu au bord des pistes alors que son fils, Lance, y évoluait.
Depuis, la famille vit la majeure partie du temps en Europe, donnant une chance à Lance de s’illustrer dans les séries européennes, par exemple en Formule 4 (2014) puis en F3 (2016) où il a remporté les deux fois le championnat avec l'écurie Prema, avant de faire le saut en Formule 1 chez Williams début 2018. En 2019, Lance Stroll pilotera chez Racing Point Force India, une équipe qui était en grande difficulté financière avant de se faire acheter par son père, Lawrence, ainsi qu’un groupe d’investisseurs.
Si c’est Lance qui est dans la mire des journalistes, il ne faut pas oublier l’homme derrière l’aventure F1. Très discret, restant souvent dans l’hospitalité de l’écurie à attendre patiemment que fiston revienne de sa sortie en piste, on pourra dire ce que l’on veut, mais Lawrence Stroll a sauvé une écurie de F1 qui était en perdition.
Force India, qui avait été placée sous la protection de la faillite fin juillet, a été achetée par un groupe composé, outre Stroll, de l’entrepreneur québécois André Desmarais, Jonathan Dudman de Monaco Sports and Management, John Idol, un leader dans le domaine de la mode, l’homme d’affaires des télécommunications John McCaw Jr., l’expert en finances Michael de Picciotto et le partenaire d’affaires de Stroll, Silas Chou.
En août, Racing Point Force India voyait officiellement le jour, sauvant des centaines d’emplois et la saison de course de Sergio Pérez et d’Esteban Ocon. « Bien que je suis un admirateur de ce sport, un amateur de la discipline, et évidemment un grand supporteur depuis que mon fils y est pilote, je n’avais jamais anticipé posséder une équipe, n’y en vouloir une de surcroît » déclare Stroll à nos collègues au New York Times. « Par contre, c’était une très bonne opportunité d’affaires qui s’est présentée ».
Force India a terminé au 4ème rang des constructeurs en 2016 et 2017, même s’ils n’avaient que le tiers du budget des grandes équipes et moins de la moitié des employés des trois équipes du Top 3 : Mercedes, Ferrari et Red Bull.
Un point que Lawrence Stroll affirme et réaffirme, c’est qu’il pense pouvoir rendre son écurie de Formule 1 profitable au cours des prochaines années. C’est notamment avec l’aide du nouveau président de la Formule 1, Chase Carey, qu’il pense réussir ce tour de force.
Une nouvelle entente sur la gouvernance financière de la Formule 1 et de ses équipes sera mise en effet en 2021. Carey veut que l’entente, qui n’a pas été encore rédigée, inclue une façon équitable de distribuer les prix en argent et une limite de budget pour ne pas que les équipes dépensent plus qu’elles ne le soient capable. Ferrari a reçu 68 millions d’Euros en 2017, tandis qu’aucune autre équipe ne reçoit cette somme en prix et bourse. La combinaison des prix de Sauber et Haas n’arrive même pas aux 68 millions de Ferrari.
« Avec les fonds nécessaires, le bon leadership, la bonne motivation, il n’y a aucune raison pour ne pas avoir de grandes attentes et d’être en mesure d’espérer plus, pour se battre pour cette troisième place » explique Lawrence Stroll. Celui-ci espère décrocher la troisième position au championnat des constructeurs, et donc détrôner l’une des équipes principales, soit Mercedes, Ferrari ou Red Bull.
La saison prochaine sera certainement un rapport de force intéressant puisque Ferrari et Red Bull accueilleront un pilote avec très peu d’expérience. Dans le cas de Red Bull, le moteur Honda représente également une certaine incertitude au niveau de fiabilité et de la compétitivité. Ceci serait donc l’occasion parfaite pour qu’une écurie du second tiers ait sa chance.
À noter enfin que Racing Point Force India a indiqué que l’écurie ne porterait pas ce nom la saison prochaine. la nouvelle appellation devrait être dévoilé en temps et lieu mais, si l'on se fie à la liste officielle dévoilée par la FIA, c'est uniquement le nom Racing Point F1 qui est indiqué.