Blessée dans à un spectaculaire accident dont les images ont fait le tour du monde, y compris et surtout dans des médias qui se moquent éperdument de course automobile en temps normal mais voyaient là le moyen de faire de l'audience ou des clics, la jeune pilote allemande Sophia Flörsch a subi avec succès une intervention chirurgicale à Macao hier. Destinée à enlever des fragments d'os de sa septième vertèbre cervicale brisée et qui se trouvaient près de la moelle épinière, l'intervention d'une durée de près de 11 heures a été un succès et Sophia a publié un message rassurant sur son compte Twitter, dès ce matin.
Du côté de l'équipe van Amersfoort Racing, pour laquelle elle disputait ce Grand Prix de Macao 2018 en Formule 3, on s'est évidemment dit soulagé d'apprendre que la pilote qui fêtera ses 18 ans le 1er décembre devrait pouvoir se rétablir complètement, et sans aucune séquelle apparemment. De bonnes nouvelles aussi ont été communiquées à propos des autres blessés (un pilote japonais, deux photographes et un signaleur), qui devraient tous quitter l'hôpital de Macao prochainement.
Cet accident a ravivé le débat de la sécurité sur les circuits urbains temporaires. Selon le président de l'équipe de Flörsch, Frits van Amersfoort, la nature même du circuit de Macao n'est pas à blâmer. Il semble en effet que c'est un concours extraordinaire de circonstances qui a provoqué le tout, à savoir : Sophia Flörsch a été prise dans un contact avec un autre concurrent se rabattant sur elle avant le freinage du virage Lisboa. Une roue s'est arrachée dans ce contact et sa monoplace s'est retrouvée à glisser le long du rail, sans le heurter (ce qui aurait ralenti sa monoplace), avant de décoller au moment de toucher le trottoir placé à l'intérieur du virage.
Une fois dans les airs, Flörsch a touché le haut de la clôture puis un bâtiment occupé par des photographes, avant de retomber au sol. « Je ne pense pas que l'accident était lié à la configuration du circuit de Macao » a déclaré van Amersfoort, avant de préciser : « Si nous retournons à Macao l'année prochaine, j'aurai un peu peur, mais cet accident aurait pu se produire ailleurs. Nous participons également au Grand Prix de Pau avec des F3 et la F1 a toutes sortes de circuits urbains. Macao est une piste spéciale, tout le monde le sait, mais la plupart des pilotes qui roulent ici considèrent ce tracé comme l'un des plus beaux au monde car il représente un défi incroyable en matière de pilotage ».
Van Amersfoort a par ailleurs précisé qu'il avait craint que l'accident ait été causé par une défaillance mécanique de la voiture de sa pilote. « Quand nous avons su que sa vie n'était plus en danger, nous sommes allés analyser ce qui s'était passé. Au début, j'ai craint que ses freins n'aient pas fonctionné. Comme les officiels de la FIA ont saisi les images des caméras embarquées de Sophia et des pilotes qui l'entouraient en piste, nous n'avons pas pu avoir d'aide de ce côté, mais aujourd'hui nous avons vraiment appris ce qui s'est passé. C'est un ensemble de choses qui ont abouti à cette issue. Par exemple, elle aurait heurté le rail à l'intérieur avant le virage, elle n'aurait pas pu décoller sur le trottoir. Chose certaine, toutes les personnes impliquées ont eu beaucoup de chance » a-t-il conclu.
Pour l'ancien champion du monde d'Endurance et de Formule E, le Brésilien Lucas di Grassi, qui a roulé à plusieurs reprises à Macao, il ne faut surtout pas toucher à la configuration de ce circuit qui est « spécial, unique au monde, comme les circuits urbains le sont en général. Il faut leur laisser leurs spécificités même s'ils seront toujours plus dangereux que les circuits permanents. Mais le sport automobile est un sport dangereux, il faut qu'on soit capable de l'admettre ! ».
Il n'en reste pas moins vrai que la sécurité sur les circuits urbains est un défi de tous les instants, d'autant que les organisateurs locaux se retrouvent pris avec davantage d'exigences des compagnies d'assurances et des plans de sécurité de plus en plus stricts au fil du temps. Mais de l'autre, on constate que la Formule 1 pourrait se développer davantage avec des circuits de ville hyper rapides comme c'est déjà le cas à Bakou, et bientôt au Vietnam où les vitesses de pointe dépasseront les 340 km/h ! Il y a là une grosse contradiction car la majorité des "anciens" circuits de ville comme Monaco, Long Beach, Toronto, Trois-Rivières au Québec ou Pau en France, sont, eux, parcourus par des pilotes de toutes disciplines à des vitesses moyennes en général plus basses que celles atteintes sur les circuits permanents. Là où le problème de la sécurité va se poser un jour vraiment, c'est en continuant à vouloir créer des pistes urbaines ultra rapides !