Le titre mondial 2018 de Formule 1 appartient déjà à Lewis Hamilton (Mercedes). Alors qu’il aurait pu le remporter dès Grand Prix des États-Unis, c’est plutôt au Mexique fin octobre, avec deux courses restantes au calendrier, qu’il a été sacré champion du monde pour une 5ème fois en carrière, rejoignant ainsi au palmarès de la F1 le légendaire Juan-Manuel Fangio.
Mais il reste encore deux Grand Prix au calendrier de la saison, soit l'avant-dernier sur le circuit d'Interlagos, près de Sao Paulo au Brésil, ce week-end puis la finale à Yas Marina, à Abou Dhabi à la fin du mois. Quels seront les enjeux de ces deux manches, ont-elles vraiment de l'intérêt ? Côté spectacle et rebondissements, le Grand Prix du Brésil est à ne pas manquer, alors que c'est traditionnellement l’une des courses les plus hautes en action du calendrier.
Il est rare à cette époque de l'année à Sao Paulo que la pluie ne vienne pas jouer un rôle soit aux qualifs le samedi, soit en course le dimanche. En 2016, cela avait été un déluge tellement important que la course avait été neutralisée à deux reprises. Plusieurs incidents étaient survenus, et certains pilotes voulaient même arrêter définitivement l’épreuve. Le Brésilien Felipe Massa effectuait alors sa prétendue dernière épreuve, et avait d’ailleurs terminé dans le mur, devant ses fans en pleurs. Toutefois, il avait pu revenir en piste la saison suivante alors qu’il avait été réengagé par Williams pour être le coéquipier de Lance Stroll.
Toujours en 2016, le jeune pilote hollandais Max Verstappen (Red Bull) avait donné une leçon de pilotage sous la pluie à tous les anciens et autres jeunes loups du peloton. Il avait finalement terminé en troisième position, derrière les deux Mercedes de Lewis Hamilton et Nico Rosberg, qui allait remporter le championnat du monde cette année-là.
L’édition 2016 est toutefois loin d’être la plus imprévisible de l'histoire du Grand Prix du Brésil; il faut aussi et peut-être surtout retenir 2008 qui a marqué l’histoire alors que Felipe Massa, alors chez Ferrari, devait remporter la course ou arriver deuxième pour être couronné champion. Pour le battre et ainsi remporter son premier titre, Lewis Hamilton, chez McLaren, devait terminer dans le Top 5.
Massa remporta la course sur une piste tantôt sèche, tantôt trempée. Chez Ferrari, on avait commencé à célébrer le titre de son pilote lorsque, dans le dernier virage, Lewis Hamilton, contre toute attente, dépassa Timo Glock parti en tête-à-queue en pneus lisses dans la pluie, pour terminer 5ème et remporter le titre. Le suspense avait été extrême jusqu'à quelques secondes... après la ligne d'arrivée franchie par le vainqueur !
En 2012, le Grand Prix du Brésil fut une autre course haute en action alors que Sebastian Vettel (Red Bull) et Fernando Alonso (Ferrari) se battaient pour le titre. Le pilote allemand devait terminer au minimum en 4ème position si l’Espagnol remportait la course pour être assuré du titre. Au premier tour cependant, Vettel avait été sorti de piste par la Williams de Bruno Senna et, malgré une voiture endommagée, il s'était rendu à l'arrivée qu'il avait franchie en 6ème place. Alonso n'ayant pas pu faire faire mieux que 2ème, cela donnant ainsi le titre au pilote Red Bull. Cette édition 2012 avait aussi été marquée par la dernière victoire en F1 de Jenson Button. Ironiquement, c'est aussi le dernier gain de McLaren en F1 à ce jour.
Impossible enfin d'oublier l’un des Grands Prix du Brésil les plus incroyables de l'histoire : en 1991 où le héros brésilien Ayrton Senna (McLaren) avait signé sa première victoire dans son pays. Un succès pas facilement acquis, alors que Nigel Mansell (Williams-Renault), favori, se rapprochait de Senna tour après tour en fin de course. Une crevaison vint contrecarrer les plans de Mansell et donner un peu d'air à Senna, qui n'en avait toutefois pas fini avec les Williams, le coéquipier de Mansell, l'Italien Riccardo Patrese, se rapprochant de la McLaren de Senna dans les derniers tours, le Brésilien étant de plus aux prises avec de gros soucis de boîte de vitesses. Ayrton Senna termina la course avec seulement la sixième vitesse encore fonctionnelle, croisant le fil d'arrivée avec 2,9 secondes d'avance sur Patrese, lui même quelque peu résigné en raison également de soucis de boîte.
Senna immobilisa sa monoplace sur le bas côté dans le tour de décélération. Le pilote brésilien, qui avait fait un énorme effort physique, n’arrivait plus à sortir de son cockpit, et il avait fallu qu’on l’extirpe de sa voiture. Mais la volonté de remporter le Grand Prix du Brésil avait été plus forte que tout.
Quand bien même le titre 2018 est joué, ce Grand Prix sur le circuit d'Interlagos demeure un incontournable pour les amateurs de course automobile à chaque année. À l'image du Grand Prix du Canada, celui du Brésil réserve presque toujours des surprises et des moments forts...