Le promoteur du Championnat du monde de Rallycross, IMG, a révélé aujourd'hui le calendrier 2019 de deux de ses trois séries de Rallycross, soit le Championnat du monde et le Championnat d'Europe (le calendrier de la série américaine ARX sera dévoilé dans une semaine dans le cadre du SEMA Show à Las Vegas). Sans surprise, Trois-Rivières, début août, et Austin fin septembre, seront les deux manches nord-américaines au sein d'un championnat mondial qui ne comptera plus que 11 événements, au lieu de 12 cette année puisque le traditionnel petit circuit d'Estering, près de Hambourg en Allemagne, ne fera plus partie que du Championnat d'Europe.
En revanche, comme prévu, l'épreuve au Portugal disparaît au profit d'Abou Dhabi qui ouvrira la saison. Un autre circuit temporaire aménagé au sein d'un tracé de F1 remplace donc un site de Rallycross permanent, et ce sera aussi le cas pour l'épreuve disputée en Belgique alors que le circuit de Mettet est remplacé par Spa-Francorchamps, avec un tracé qui empruntera le célèbre raidillon.
Ce calendrier 2019 suit donc la tendance voulue par le promoteur d'aller de plus en plus vers des sites temporaires aménagés. Si certains connaissent déjà un bon succès, à l'image de Trois-Rivières qui est au calendrier depuis la création du WRX, on se pose la question de l'impact médiatique d'Abou Dhabi, de Silverstone à la place de l'historique site de Lydden Hill et même de Spa-Francorchamps qui, a priori, ne se prête pas du tout à l'aménagement d'une piste vraiment intéressante pour du Rallycross. Laissons toutefois "une chance au coureur", on verra ce qu'il en advient, mais force est de constater qu'en 5 ans, cette série a tellement délaissé les circuits permanents de Rallycross qu'ils sont désormais minoritaires dans le calendrier.
La saison 2019 débutera donc à Abou Dhabi le 6 avril avant de se poursuivre en Europe avec les épreuves de Barcelone (28 avril), Spa-Francorchamps (12 mai), Silverstone (26 mai), Hell en Norvège (16 juin) et Holjes en Suède (7 juillet). L'épreuve suédoise a par ailleurs été reconfirmée au calendrier jusqu'en 2023.
Le mois d'août verra les concurrents du WRX se produire au Grand Prix de Trois-Rivières, les samedi 3 et dimanche 4, avant un retour en Europe pour deux épreuves sur des sites traditionnels de Rallycross, soit le majestueux complexe de Lohéac (France, 1er septembre) et Riga (Lettonie, 15 septembre). La saison se terminera avec les épreuves au Circuit des Amériques, à Austin le 29 septembre, puis en Afrique du Sud, sur le circuit du Cap le 1er décembre.
Quant au Championnat d'Europe, il contiendra 6 événements, puisqu'en plus des manches disputées en soutien du WRX à Silverstone, Hell, Holjes, Lohéac et Riga, Estering accueillera les concurrents européens uniquement, les 17 et 18 août.
Cela signifie qu'aucun concurrent disputant le Championnat d'Europe n'aura la possibilité de participer au Grand Prix de Trois-Rivières. Comme en 2017 et 2018, ce seront donc uniquement les participants réguliers du WRX qui y seront en piste. On peut d'un côté se réjouir en se disant que ce seront assurément les meilleurs pilotes et les plus grosses équipes qui viendront à Trois-Rivières l'été prochain, mais on peut aussi craindre qu'il n'y ait plus grand monde qui dispute ce Championnat du monde où seront absents Audi, Peugeot et, cela vient d'être annoncé aujourd'hui, l'équipe Olsbergs avec ses 2, 3 ou même parfois 4 Ford Fiesta à chaque événement.
Rappelons que Peugeot s'est retiré parce que les coûts du WRX sont trop élevés et parce que le projet de série électrique a été repoussé à 2021. Même chose, mais à moindre échelle en terme d'investissement, du côté de l'équipe Olsbergs qui désire se concentrer sur ses projets de voiture électrique tout en continuant à avoir des clients en Championnat d'Europe. Quant au Groupe VAG, l'annonce du retrait d'Audi n'a pas été une surprise, battu par la marque-soeur Volkswagen depuis deux saisons.
VW devrait demeurer en WRX l'an prochain, mais elle sera bien seule à viser la victoire car si Peugeot (au travers le Sébastien Loeb Racing) et/ou Audi (avec la structure redevenue privée de Mattias Ekström) trouvaient les fonds nécessaires pour continuer dans la série, on doute de leurs capacités à battre les VW de Solberg et surtout Kristoffersson alors qu'avec les moyens techniques et financiers du manufacturier en arrière d'eux, ces marques n'y sont pas parvenues en 2017 et 2018.
Le Rallycross est une discipline fantastique, spectaculaire à souhait et on est évidemment très heureux de la voir de retour au programme des activités du Grand Prix de Trois-Rivières l'an prochain. Mais entre les rêves de grandeur d'IMG et des budgets qui ont explosé au fil des ans, le Rallycross n'est-il pas aujourd'hui une discipline très en danger ? À titre d'exemple, il en coûtait environ 35 000$ pour un pilote désireux de se louer une voiture compétitive pour un événement en 2015. L'an dernier, c'était 100 000$ et c'est passé à près de 130 000$ pour espérer faire inscrire une voiture supplémentaire par une équipe de pointe cette saison ! Résultat, il n'y a eu que 15 pilotes inscrits à la saison de WRX 2018. Est-ce vraiment raisonnable, est-ce vraiment ça l'évolution favorable du sport ?