La 40ème édition du rallye-raid Dakar, présentée au Pérou, en Bolivie et en Argentine, a été marqué par une lutte à deux manufacturiers pour la victoire toutes-catégories dans la catégorie auto. Lutte qui s'est terminée à l'avantage de Peugeot sur Toyota, non sans de multiples rebondissements. Au final, Carlos Sainz offre la dernière victoire au manufacturier français, qui se retire des Rallye-raids pour concentrer ses efforts en championnat du monde de Rallycross.
Dès les premiers jours préparatoires en vue du rallye, les éléments se sont compliqués pour l'équipe favorite, Peugeot Sport, qui comptait sur un équipement ultramoderne de navigation, banni peu avant le départ par l’organisation. Bien que Mini et Toyota vivaient bien avec la décision de ne pas utiliser un tel équipement, chez Peugeot on était déçu la situation, imposant l'utilisation du seul GPS officiel pour guider les navigateurs, au détriment de tout autre système et même des "bonnes vieilles" cartes routières en papier !
La première étape voyait le Qatari Nasser Al-Attiyah et son navigateur français Mathieu Baumel (Toyota Gazoo Racing) l'emporter au terme d'une courte spéciale de 31 km au Pérou, tandis que Sébastien Loeb et Daniel Elena (Peugeot) devait d'entrée de jeu composer avec des ennuis de freins, leur occasionnant un retard de six minutes.
Les voitures ouvraient la route (d'habitude ce sont les concurrents à moto) de la 2ème étape, à Pisco (Pérou). La spéciale de 267 km voyait un triplé Peugeot avec la victoire de Cyril Després/David Castera devant Stéphane Peterhansel/Jean-Paul Cottret et Sébastien Loeb/Daniel Elena. Al-Attiyah lui, accumulait un retard de 15 minutes suite aux ennuis de santé de son navigateur.
Stéphane Peterhansel prenait les devants au classement général après la 3ème étape, reliant Pisco à San Juan de Marcona. C'est Al-Attiyah qui remporta toutefois la spéciale de 296 km, mais son retard accumulé l’empêchait de contester aux équipages Peugeot les premiers rangs du classement. Cyril Després a fini 2ème et Peterhensel 3ème.
Carlos Sainz, jusque-là très discret mais toujours dans le Top 10, finissait 2ème lors de la 4ème étape. Un parcours marqué par la victoire de Sébastien Loeb qui revenait ainsi au plus près de son coéquipier et rival Peterhansel au sommet du classement. Hélas, ce fut le dernier coup d'éclat du nonuple champion du monde des rallyes puisque le lendemain, il partait en tonneau et plantait sa Peugeot 3008 DKR dans les dunes. Retardé de plusieurs heures, Loeb et Elena abandonnaient, ce dernier étant de plus blessé au coccyx.
L'étape fut également catastrophique pour Cyril Després, victime d'une roue arrachée et pour Nasser Al-Attiyah, coincé une heure dans une dune.
Ces 5ème et 6ème étape de ce Dakar 2018 ont bouleversé la hiérarchie et façonné le classement final. Si Peugeot et Toyota s’échangeaient les positions en tête de ces spéciales, avec notamment de belles performances (Top 3) de Giniel de Villiers et Dirk Von Zitzewitz (Toyota), Sainz, en remportant la 6ème spéciale, devenait ainsi le seul pilote Peugeot à contester la domination de Peterhansel, 13 fois vainqueur de l'épreuve à moto puis en auto, et favori logique dans l'équipe française suite à l'abandon de Loeb.
C’est dès le lendemain, à la 7ème spéciale reliant La Paz et Uyuni, que Carlos Sainz s’empara de la première position au classement, remportant la spéciale devant de Villiers et Al-Attiyah, qui se retrouvait au 2ème rang du classement général après que Stéphane Peterhansel soit resté planté 1h45 dans les dunes.
Encore ralenti (contact avec un arbre) lors de la 8ème étape, particulière pour les équipages avec des conditions très difficiles en haute altitude, Peterhansel abdiquait tout espoir de victoire tandis que Carlos Sainz confortait son avance, malgré une pénalité de 10 minutes pour ne pas s'être arrêté après avoir heurté un pilote de quad.
L’étape 9 ayant été annulée en raison de fortes pluies en Bolivie, Sainz géra son avance lors des spéciales suivantes, s’assurant de toujours rester dans le Top 10 des spéciales et gardant ainsi un peu plus de 45 minutes sur Al-Attiyah au classement général. La tâche de l'ancien triple champion du monde des Rallyes fut facilitée par les ennuis mécaniques de Nasser Al-Attiyah lors de la 10ème spéciale. Derrière, la bataille pour la 3ème place entre Cyril Després, Stéphane Peterhansel et Giniel de Villiers a animé la fin de l'épreuve.
Si Stéphane Peterhansel a pris tous les risques pour offrir un doublé à Peugeot, c’est Nasser Al-Attiyah et Giniel de Villiers, les deux pilotes Toyota, qui complètent finalement le podium, laissant la 4ème position à un Peterhansel beaucoup moins chanceux que d'habitude lors de cette édition 2018.
La première Mini, celle du Polonais Jakub Przygonski, co-piloté par le Belge Tom Colsoul (ancien participant du Rallye de Charlevoix, 3ème en 2000), est 5ème. Seulement 43 équipages en classe auto a réussi à rallier l'arrivée, à Cordoba (Argentine).
Carlos Sainz, "El Matador" comme on surnomme le père du pilote Renault de Formule 1, célèbre donc sa 2ème victoire au Rallye-raid Dakar, et permet à Peugeot de s’en aller la tête haute. À signaler enfin la victoire du jeune autrichien Matthias Walkner en catégorie moto, d'Ignacio Casale (Chili) en Quad, de Reinaldo Varela (Brésil) en classe Côte-à-côte et des Russes Eduard Nikolaev, Evgeny Yakovlev et Vladimir Rybakov sur leur Kamaz en classe camion.