Alfa Romeo va effectuer son retour en Formule 1, en devenant partenaire technique et commanditaire-titre de l'équipe Sauber, qui s'appellera désormais Alfa Romeo Sauber F1 Team. L'annonce a été faite aujourd'hui par le groupe FCA (FIAT-Chrysler Automobiles). Cet accord porte sur plusieurs saisons (le nombre exact n'a pas été révélé) et débutera à compter de la prochaine saison de F1.
Cette année, Sauber disposait de moteurs Ferrari versions 2016. Avec la venue d'Alfa Romeo, ce sont toujours des blocs Ferrari qui seront utilisés, bien qu'ils afficheront le logo Alfa Romeo, mais l'équipe disposera de versions 2018, ce qui devrait l'aider à se hisser en milieu de peloton, l'objectif de Sauber pour la saison prochaine après avoir fini dernière au championnat des équipes en 2017.
L'accord entre l'équipe suisse et le manufacturier italien comprend la coopération stratégique, commerciale et technologique dans tous les domaines de développement, y compris l'accès au savoir-faire en ingénierie et l'expertise du personnel technique d'Alfa Romeo. Ce partenariat offrira des opportunités supplémentaires aux deux organisations tant dans la Formule 1 que dans le secteur automobile en général.
Sergio Marchionne, PDG de FCA et dont l'une des premières décisions lorsqu'il fut nommé fin 2014 avait été de retirer Dodge du sport automobile, se dit cette fois enthousiaste de cette implication d'une de ses marques : « Cet accord avec l'équipe Sauber F1 est une étape importante dans le remodelage de la marque Alfa Romeo, qui retournera en Formule 1 après une absence de plus de 30 ans. Alfa Romeo, une marque qui a contribué à faire l'histoire de ce sport, se joint ainsi à d'autres grands constructeurs automobiles qui évoluent en Formule 1. Notre marque bénéficiera également du partage de technologie et de savoir-faire stratégique avec l'équipe Sauber F1, dont l'expérience est incontestée. Par ailleurs, les ingénieurs et techniciens d'Alfa Romeo, qui ont déjà démontré leurs capacités avec les nouveaux modèles lancés, Giulia et Stelvio, auront l'opportunité de mettre cette expérience à la disposition de l'équipe Sauber F1. Dans le même temps, les fans d'Alfa Romeo auront à nouveau l'occasion de soutenir un constructeur automobile déterminé à écrire un nouveau chapitre passionnant dans son histoire sportive, unique et légendaire » a souligné Marchionne, Italien de naissance qui a fait toutes ses études en Ontario.
Alfa Romeo ne sera donc pas simplement un nom sur le moteur Ferrari, à l'image de ce que fait TAG Heuer sur les moteurs Renault équipant l'équipe Red Bull, mais un véritable partenaire technique, ce qui est évidemment une bonne chose pour l'avenir de l'équipe Sauber. Ambitieux, Pascal Picci, le président de Sauber Holding AG, indique : « Nous sommes très heureux d'accueillir Alfa Romeo au sein de l'équipe Sauber F1. Ce manufacturier a une longue histoire de succès en Grand Prix, et nous sommes très fiers que cette entreprise de renommée internationale ait choisi de travailler avec nous pour son retour au sommet du sport automobile. Travailler en étroite collaboration avec un constructeur automobile est une excellente opportunité pour le groupe Sauber de poursuivre le développement de ses projets technologiques et d'ingénierie. Nous sommes convaincus qu'ensemble, nous pourrons faire d'Alfa Romeo Sauber F1 Team une équipe gagnante ».
Alfa Romeo est connue dans le monde entier pour son héritage en sport automobile au siècle dernier. Mais c'est surtout la première époque d'Alfa Romeo en Grand Prix qui a marqué l'Histoire. D'abord avant la seconde guerre mondiale (en 1925, le modèle Tipo 2 a remporté de nombreuses courses), puis à l'inauguration du Championnat du monde de Formule 1, en 1950. Alfa Romeo remporta en effet les deux premiers championnats du monde des pilotes, en 1950 et 1951, avec Nino Farina puis le légendaire Juan-Manuel Fangio. De 1961 à 1979, Alfa Romeo a ensuite participé en tant que fournisseur de moteur à plusieurs équipes. C'était alors l'époque des V12 conçus par Carlo Chiti. Si, dans son autobiographie, Niki Lauda garde un souvenir doux-amer de cet ingénieur (« Il recueillait tous les chiens errants de la banlieue de Milan, et, de son atelier transformé en chenil sortait parfois un bon moteur !»), cette époque marque surtout le déclin d'Alfa Romeo en F1, dominé par Ferrari mais aussi Cosworth.
Avec l'équipe Autodelta appartenait par ailleurs à Chiti, Alfa Romeo effectua toutefois son retour en tant que constructeur à part entière (châssis et moteur) en 1979. L'aventure semblait prometteuse mais l'accident mortel du Français Patrick Depailler, en essais à Hockenheim en 1980, vint mettre un frein aux progrès de l'équipe, les autres pilotes, Bruno Giacomelli, Vittorio Brambilla et surtout Andrea de Cesaris étant pour le moins inconstants. Alfa Romeo réalisa tout de même son meilleur résultat en 1983, prenant la sixième place au championnat des constructeurs. Mauro Baldi et de Cesaris étaient alors les pilotes titulaires.
Alfa Romeo a disputé à ce jour 110 Grand Prix de Formule 1. Plus de 30 ans après son retrait (1985, saison disputée avec comme pilotes Riccardo Patrese et Eddie Cheever), la marque revient avec l'intention claire de faire parler d'elle mondialement. Côté pilotes, le Suédois Marcus Ericsson semble en voie d'être confirmé pour une quatrième saison avec l'équipe Sauber, tandis que le champion de Formule 2 Charles Leclerc, par ailleurs pilote de développement de Ferrari, devrait être son coéquipier.