On ne s'attendait pas à ce que les chiffres sortent avant les élections municipales de ce dimanche, tant le dossier a toujours semblé sensible pour l'administration du maire sortant de Montréal. Pourtant ce midi, l'organisme "Montréal c'est électrique" est sorti de son mutisme pour diffuser un communiqué révélant que près de la moitié des billets du ePrix de Montréal de juillet dernier ont été donnés.

Ce document indique que sur 45 000 billets, 20 000 (44 %) ont été remis « à différents groupes, comme les résidants du secteur, les nombreux fournisseurs et les partenaires actuels et potentiels en électrification des transports ». Les 25 000 billets restants auraient donc été vendus au public et « dans le cadre d'ententes avec des partenaires et des commanditaires ».

Toutefois, une source fiable durant l'été nous avait indiqué qu'environ 9 000 places d'estrades avaient été aménagées tout au long du circuit. Alors, de deux choses l'une : soit il y avait 36 000 personnes le long des trottoirs et dans les hospitalités, ce qui est techniquement impossible; soit dans ces 25 000 billets supposément vendus, un très petit nombre de personnes s'est prévalu de son droit d'entrée pour assister à l'événement. Un constat qui s'appliquerait aussi aux 20 000 billets donnés, mais dans ce cas ce serait plus logique car il est habituel qu'entre 5% et 30% des personnes recevant un billet d'entrée gratuit se présente réellement à un événement, de sport comme de loisir.

Lorsqu'on indique le chiffre de 45 000 billets, vendus ou donnés, ne faudrait-il pas plutôt parler de billets "imprimés", dans certains cas jamais utilisés ? Selon l'organisateur, ces chiffres correspondent « à la norme pour la première édition d'un événement dont les billets ont été mis en vente à peine 6 mois avant la tenue.» Au moins, "Montréal c'est électrique" a la décence de ne pas tomber dans l'optimisme de façade en évitant de parler de chiffres exceptionnels qui auraient faire rire tout observateur objectif.

Précisons par ailleurs que durant toute la campagne électorale actuelle, le maire sortant de Montréal, Denis Coderre, a toujours refusé de dévoiler le nombre de billets qui avaient été vendus pour cette première édition du ePrix de Montréal, renvoyant les médias vers Evenko et "Montréal c'est électrique" qui n'avaient jusqu'à aujourd'hui pas divulgué de chiffres.

Il aura donc fallu plus de trois mois pour voir sortir des chiffres. De plus, selon un sondage rendu public par l'organisation, 92% des spectateurs disent avoir apprécié leur expérience et environ 80% disent vouloir retourner l'année prochaine. Sur ce point, on ne doute pas de la véracité des résultats publiés car il est vrai que les deux courses, qui marquaient la finale de la saison de Formule E, furent indécises jusqu'aux derniers tours. Sportivement, en tenant compte de ce qui s'est uniquement passé en piste donc, le ePrix de Montréal fut passionnant.

À l'heure actuelle, Denis Coderre n'a pas réagi à l'annonce faite par "Montréal c'est électrique". Valérie Plante, son opposante à la mairie de Montréal, estime que le nombre de billets donnés est « énorme ». Ce midi, elle a souligné que beaucoup de questions restent à clarifier quant à la pertinence d'un tel événement au centre-ville. Pour de nombreux observateurs de sport automobile, il est toujours apparu incompréhensible que le ePrix de Montréal ne se tienne pas sur l'Île Notre-Dame, en utilisant partiellement le circuit Gilles-Villeneuve sur lequel des aménagements très mineurs auraient suffit. Quant à l'organisation même de l'événement, là encore, on peut se demander pourquoi des organismes qui n'avaient aucune expérience du sport automobile (hormis - heureusement - une équipe du GP de Trois-Rivières à qui fut confiée la partie technique) ont été retenus... L'édition 2018 viendra-t-elle corriger les erreurs du passé ?