Le 16 juillet 1977, il y a 40 ans aujourd'hui, Renault disputait son premier Grand Prix de Formule 1 et ouvrait un nouveau chapitre de son histoire. Une très longue histoire qui remonte aux toutes premières courses, en quelque sorte aux sources de la compétition automobile. Renault a participé à tous les types d'épreuves, en circuits, rallyes-raids, record, endurance... Et a gagné partout. Il était donc inéluctable que dans sa vision de la course, Renault s'intéresse un jour à la F1, la discipline-reine du sport automobile.
Depuis 1977, quarante années ont passé, faites d'un engagement déterminé, volontariste, intelligent, et toujours hautement technologique. Car non seulement Renault compte de très nombreuses victoires, mais à chaque fois en apportant son lot d'innovations dans le domaine des châssis, de l'aérodynamique comme dans celui des moteurs. Renault fait aujourd'hui partie intégrante de ce monde des Grand Prix.
En détails, nous vous proposons de revivre l'aventure en F1 d'une marque qui est, à ce jour, la seule qui ait contribué au titre mondial d'un pilote québécois...
1977
L'équipe Renault a déterminé 5 Grand Prix sur lesquels la RS01 peut effectuer ses premiers pas. Renault a choisi de défricher une voie toute nouvelle en F1, le moteur turbo, et celui-ci présente un handicap : son temps de réponse à l'accélération. Les cinq courses choisies constituent plutôt des essais grandeur nature sur des circuits où le temps de réponse ne sera pas insurmontable en matière de pilotage. Renault n'engage qu'une seule voiture pour Jean-Pierre Jabouille, pilote officiel de la marque. Les circuits : Silverstone en Grande-Bretagne, Zandvoort aux Pays Bas, Monza en Italie, Watkins Glen aux États-Unis et Mosport au Canada. La Renault RS01 débute en course le 16 juillet 1977 au Grand Prix de Grande-Bretagne et se fait rapidement donner le sobriquet de théière jaune ("The Yellow Teapot") par les Anglais en raison de ses soucis de turbo.
1978
Quatorze épreuves pour la Renault sur les seize que compte cette saison. Le programme F1 entre désormais de plain-pied dans les ateliers de Viry-Châtillon, en banlieue de Paris. Première récompense le 1er octobre au Grand Prix des États-Unis à Watkins Glen : Jabouille marque les premiers points de Renault en F1, les trois points attribués à l'époque à la 4ème place du classement.
1979
Renault devient une équipe de F1 à part entière dans le monde des GP. Un second pilote, René Arnoux, est engagé aux côtés de Jabouille. Les châssis type RS01 partent à la retraite. Leur succèdent les RS10 et RS11 : voiture à effet de sol, beaucoup mieux finie, et moteur V6 1,5 litre suralimenté et mieux intégré. Début janvier, sur le circuit de Dijon, Renault Sport effectue les premiers tests d'un V6 doté de deux turbos. Ce dispositif fera son apparition en course à Monaco fin mai. Le 1er juillet, sur le circuit de Dijon, se déroule le Grand Prix de France. Historique : Jabouille remporte le Grand Prix avec plus de 14" d'avance sur la Ferrari de Gilles Villeneuve et l'autre Renault, celle d'Arnoux. Le pilote québécois et son rival français se sont livré une bataille (voir vidéo ci-dessous) qui restera gravée dans l'histoire de la F1 et éclipsera quelque peu le retentissement de la première victoire de Renault.
1980
Les progrès continuent, et Renault fait l'objet de toutes les attentions au sein du paddock. Car les Renault turbo observées avec scepticisme à leurs débuts démontrent toutes leurs qualités. À noter, la nouvelle appellation pour les Renault : leur sigle n'est plus RS, mais RE, en hommage au pétrolier Elf qui a apporté une contribution non négligeable aux projets de Renault en F1. L'équipe française remporte trois victoires, deux pour Arnoux au Brésil et en Afrique du Sud, une pour Jabouille en Autriche, assorties de la 4ème place au championnat du monde des constructeurs... Mauvaise nouvelle : Jabouille est gravement accidenté en fin de saison, sur le circuit Gilles-Villeneuve lors du GP du Canada. Il ne disputera pas le dernier Grand Prix.
1981
Jabouille, rétabli de ses fractures aux jambes, est parti chez Ligier. Il est remplacé par Alain Prost, le champion d'Europe de F3 1979. Les Renault ont évolué en RE20B. La saison s'avère fructueuse pour Prost qui accumule trois victoires à lui seul, dont celle de Dijon. Ce GP de France est son premier succès en F1, lui qui avait débuté chez McLaren-Ford en 1980... Renault accède à la 3ème place du classement mondial des constructeurs de F1 et dans la concurrence, il faut remarquer que Ferrari a suivi la voie de Renault en adoptant un moteur turbo. Par ailleurs, l'équipe française a mis en service l'une de ses nouvelles inventions, le DPV (dispositif de pré-rotation variable), qui minimise encore un peu plus le temps de réponse du turbocompresseur à l'accélération et sera adapté sur tous les moteurs suralimentés. Au mois de mai apparaissent les nouveaux châssis RE30 qui remplacent les RE20B.
1982
C'est une saison en demi-teinte, malgré les quatre victoires acquises, deux pour chacun des pilotes Arnoux et Prost. Ce dernier parut longtemps en lice pour le titre mondial, mais des soucis de fiabilité l'empêchèrent de mener à bien sa conquête. Renault essaya plusieurs nouveautés sur ses machines : mise au point du dispositif de soufflage, injection d'essence à commande électronique, boîte de vitesses transversale, suspension à correction d'assiette.
1983
Avec ses propres machines, Renault motorise également la Lotus d'Elio de Angelis et, à partir de la Grande-Bretagne, celle de Nigel Mansell. Chez Renault, Arnoux est remplacé par l'Américain Eddie Cheever, chargé d'épauler Prost. La saison débute avec des châssis RE30C, mais dès le deuxième grand prix de la saison à Long Beach, Prost reçoit la nouvelle RE40. La saison s'avère très riche, mais l'adversaire de Prost, Nelson Piquet, au volant de sa Brabham-BMW turbo l'emporte d'un souffle, deux points d'avance, avec un carburant estimé non-conforme. Mais ne voulant pas gagner sur le tapis vert, Renault ne porte pas réclamation. Prost, déçu, quitte pour retourner chez McLaren où il sera champion du monde deux ans plus tard.
1984
Profond renouvellement chez Renault où le Français Patrick Tambay et le Britannique Derek Warwick remplacent Prost et Cheever. Les châssis sont des RE50. Renault motorise également le team Lotus, soit de Angelis et Mansell, et l'équipe Ligier, avec Andrea de Cesaris et François Hesnault. Lors du dernier Grand Prix de la saison, au Portugal, Renault a engagé une troisième voiture pour Philippe Streiff. La saison est toutefois fort décevante, l'équipe officielle terminant 5ème au championnat tandis que Lotus est 3ème et Ligier 9ème.
1985
Pas de changement dans l'équipe Renault du côté des pilotes, mais une nouvelle voiture, la RE60. Renault Sport continue de motoriser Lotus et Ligier (Jacques Laffite, Andrea de Cesaris, Philippe Streiff), et à partir du mois de juillet, le team Tyrrell. Deux très grands espoirs de la F1 roulent avec des moteurs Renault : Stefan Bellof chez Tyrrell et Ayrton Senna chez Lotus. Senna frappe les esprits à l'orée d'une fabuleuse carrière : il emporte ses deux premières victoires en F1 avec une Lotus-Renault, au Portugal, et en Belgique, son équipier de Angelis en emporte une à Saint-Marin. Renault renoue donc avec le succès, mais c'est grâce à Lotus.
1986
Au mois d'août l'an passé, Renault a annoncé la cessation de ses activités châssis, pour se concentrer uniquement sur ses activités de motoriste. Le moteur utilisé est un EF15 turbo, destiné à répondre à la nouvelle réglementation qui réduit la contenance du réservoir de carburant de 220 à 195 litres. De plus, le moteur EF15 recèle pour la première fois une nouveauté technique utilisée par tous les motoristes encore aujourd'hui : le rappel pneumatique des soupapes. Lotus, Ligier et Tyrrell utilisent les moteurs Renault. Senna remporte deux nouveaux succès, à Jerez et à Detroit. À la fin de la saison, Renault décide toutefois de suspendre les activités F1 de Renault Sport.
1987
Les activités F1 de Renault Sport sont mises en veille. Une cellule est créée à Viry-Châtillon et elle est chargée d'étudier différents projets. Ses travaux portent notamment sur un moteur de F1 à respiration atmosphérique, dans le cadre de la nouvelle règlementation des grands prix qui autorise ce type de moteur de 3500cc conjointement au moteur turbo 1500cc. Renault Sport enquête sur la faisabilité de ce moteur auprès des grandes équipes de F1 : entre l'utilisation d'un V8, d'un V10 ou d'un V12, quels sont leurs souhaits ? C'est un V10 qui y répond le mieux. Renault Sport attaque le dessin de ce V10 qui portera le nom de RS1.
1988
Le RS1 tourne pour la première fois au banc d'essais le 30 janvier 1988. C'est un 10 cylindres en V à 67°. Renault Sport déploie ses efforts pour motoriser une équipe de pointe et tandis que les tests du RS 1 se poursuivent, un accord est signé avec l'équipe Williams.
1989
Avec les châssis Williams FW12C et FW13, les moteurs Renault RS1 donnent d'immenses satisfactions aux deux pilotes, l'Italien Riccardo Patrese et le Belge Thierry Boutsen. Dès le premier grand prix de la saison au Brésil, il y a une Williams-Renault en 1ère ligne. Au total, c'est une première saison qui s'avère fructueuse avec deux victoires, et une pole position. Patrese signe la 3ème place du classement mondial derrière les toutes puissantes McLaren-Honda, tandis que Boutsen s'adjuge deux victoires. Pour Renault Sport, le pari du retour en F1 est gagné, Williams-Renault termine à la 2ème place du classement des constructeurs de F1.