La 85ème édition des 24 Heures du Mans a débuté il y a presque 6 heures. Un premier quart de course marqué par le duel entre prototypes Toyota et Porsche, dont une 919 Hybrid vient tout juste de ravir aux Toyota le commandement. Mais les écarts demeurent faibles et, alors que la nuit s’installe doucement sur le circuit du Mans écrasé sous une forte chaleur, les 250 000 spectateurs qui assistent à l’événement savent que tout reste encore possible.
Si Toyota espère une première victoire, pour Porsche, l’objectif est de conquérir un 19ème gain demain, ce qui serait bien sûr le record absolu. Un seul Québécois est au Mans ce week-end au sein de l’organisation du prestigieux constructeur allemand. Il s’appelle Patrick Saint-Pierre et en est à sa troisième présence aux 24 Heures du Mans. Directeur des communications de Porsche Canada, il est assurément conscient de l’impact que les 24 Heures du Mans ont au niveau mondial, et en ventes directes de véhicules jusqu’à chez nous.
« Au niveau de l’impact quotidien, les 24 Heures du Mans apportent surtout du transfert de technologie : de la course automobile aux voitures de route. On pense entre autres aux moteurs turbo ou aux boîtes double embrayage, qui sont des technologies qui ont débuté sur des Porsche aux 24 Heures du Mans avant de se retrouver dans les voitures commercialisées pour la route » confie-t-il. La majorité des Porsche vendues aujourd’hui disposent en effet de la technologie PdK (boîte de vitesses double embrayage), qui a réussi à convaincre par son efficacité même les puristes ! Certains modèles sont même disponibles aujourd’hui uniquement avec des boîtes PdK.
Il y a des Porsche aux 24 Heures du Mans depuis 66 ans, de manière ininterrompue. Un autre record ! Mais le monde automobile évolue beaucoup présentement, et on voit cette année encore que la victoire toutes-catégories ne concerne que des voitures à motorisation hybride. « Et on va en voir de plus en plus sur les routes au Canada ! » de dire Patrick Saint-Pierre, qui confirme qu’au niveau de Porsche, la motorisation hybride est clairement la voie de l’avenir, en plus des voitures 100% électriques bien sûr. « L’objectif est le même qu’en course : répondre aux normes en matière de réduction de la consommation, d’écologie mais aussi augmenter la performance » ajoute-t-il.
Présentement, grâce au moteur électrique qui s’ajoute à celui à essence, les prototypes de la classe LMP1 hybride au Mans peuvent développer plus de 1000 chevaux, soit environ 650 venant du moteur thermique, et plus de 400 de l’électrique pour un bref moment, durant la phase d’accélération. « Les gens ne réalisent pas toujours combien la course automobile est un incroyable banc d’essai technologique » nous indique Patrick, avec passion et tout en gardant un œil aux écrans diffusant les images en caméra embarquée dans les deux Porsche 919 qui évoluent sur le circuit du Mans. « Avec la Mission E, Porsche investit aussi sur le 100% électrique » rappelle-t-il toutefois.
Il est un fait que jusqu’à ce que l’Endurance et les 24 Heures du Mans n’ouvrent la porte aux voitures hybrides, celles-ci avaient plutôt mauvaise image auprès des passionnés, essentiellement par manque de performance. « Mais aujourd’hui, avec ce qu’on voit en Endurance, une Porsche à moteur 4 cylindres hybride qui va à presque 400 km/h sur un circuit, ça change la perception de ce qu’est une voiture hybride. Ça démontre l’acceptation des passionnés de performances pour cette technologie ! » remarque Patrick Saint-Pierre, qui conclut : « être aux 24 Heures du Mans, c’est toute une sensation que d’être ainsi près de l’action. Je crois que beaucoup de monde ne conçoit pas la démesure de cette course. C’est incroyable, notamment la nuit, la fébrilité de la course, voir aussi comment les équipes de course travaillent. C’est excitant. Pour moi, les 24 Heures du Mans c’est incomparable. C’est difficile à dépasser ».
*** Rendez-vous demain pour notre article exclusif au terme de l'arrivée de cette édition 2017 des 24 Heures du Mans... Reportage exclusif également dans la prochaine édition du magazine.