Vincent Abril, jeune (22 ans) pilote d’usine Bentley d’origine française, effectuait ses débuts en course automobile au Canada sur le circuit Canadian Tire Motorsport Park (CTMP) la fin de semaine dernière. Pilotant l’une des deux Bentley Continental GT3 de l’équipe Absolute Racing avec comme coéquipier Adderly Fong, il a terminé en 4ème position lors de la seule épreuve courue, samedi (la seconde course dimanche fut annulée en raison de la pluie abondante ayant inondé le circuit).
Abril, qui est le champion 2015 de la série Coupe Blanpain GT Sprint, est tombé en amour avec le tracé de Mosport, classant le circuit dans son "Top 3" et même plus haut. Il nous en parle dans cette entrevue exclusive...
« Après mon premier tour, je l’ai classé comme l’un de mes "Top 3", même peut-être un peu plus haut parce que la piste est spéciale, c’est très rapide et c’est tout un peu à l’aveugle alors c’est difficile. Quand tu vois les vidéos pour te préparer à la course, tu n’as pas l’impression du dénivelé et de tous les changements de surface, les petits endroits, les pièges et tout. Ça prend un peu de temps, mais j’ai été vraiment à l’aise d’entrée de jeu et on a fait un super boulot en essais libres. La voiture marchait bien de suite, car l’équipe Absolute Racing avait en archives tous les réglages de l’année précédente. Pour moi qui découvrait le circuit, ça m’a permis d’entrer dans le rythme et d’être solide.»
Disputes-tu toute la saison en Sprint X ou est-ce seulement un complément de programme avec le Blancpain GT en Europe ?
« Je ferai tout le Sprint X avec Bentley et Team Absolute. Ils m’ont confirmé pour les 5 événements de Sprint X. Je dispute également le Blancpain GT en Europe et je suis avec l’équipe officielle Bentley Team M-Sport à titre de pilote d’usine pour eux cette année. Ça fait maintenant deux ans que je suis avec eux et l’année dernière on a fait une saison en série Blancpain. Je repars cette année pour le Blancpain Sprint et Endurance et ça se passe plutôt bien pour l’instant avec la 4ème place au championnat.»
Quelles sont, selon toi, les différences majeures entre le sport automobile européen et nord-américain ?
« J’aime beaucoup l’esprit ici, j’aime surtout les circuits, parce qu’en Europe les pistes sont devenues beaucoup plus aseptisées. Par exemple, si vous allez sur des tracés comme le Paul Ricard ou Silverstone, ou même maintenant Spa-Francorchamps, ce sont des circuits qui ont beaucoup d’histoire et qui étaient sympas à rouler autrefois parce qu’il y avait une notion de danger et de risque qui ne pardonnait pas. Maintenant, ce n’est plus trop le cas. Il y a beaucoup plus de dégagements et ces circuits sont beaucoup plus sécurisés, ce qui est bien pour la sécurité, mais cela enlève un peu d’adrénaline quand on y pilote. Ici sport, j’ai réussi à m’adapter vite, mais il y a une plus grande appréhension que quand tu arrives sur les circuits modernes européens. L’ambiance générale est aussi plus relaxe ici, même si quand tu embarques en piste il faut faire le travail. Mais en dehors, c’est un peu plus tranquille, les gens sont "cool", il y a moins de stress dans le paddock, moins de pression sur les gens. On dirait qu’ils sont plus là pour faire de la course et s’amuser que pour se mettre de la pression.»
Pour toi, rouler en Amérique du Nord, est-ce uniquement parce que ça fait partie du programme Bentley ou est-ce aussi par volonté de te faire connaître ici ?
« C'était un de mes objectifs personnels à moyen terme. Simplement, je ne voyais pas ça arriver si vite dans ma carrière. Je pensais plus vers 25 ans, après avoir accompli mes objectifs en Europe. C’est vrai que c’est un gros bonus, c’est une super opportunité qui est arrivée et que Bentley m’a proposé que de piloter dès à présent en Amérique du Nord. Je suis très heureux qu’ils aient répondu favorablement à ma demande de faire la série SprintX, c’est très sympa de pouvoir faire des programmes comme ça avec le support de l’usine derrière. Je n’aime pas brûler les étapes même si j’ai toujours été un peu jeune dans tout ce que j'entreprends. Dans ce cas-ci, je voulais atteindre mes objectifs en Europe, que ce soit les 24 Heures de Spa ou le championnat Blancpain Endurance, avant de passer de l’autre côté de l’océan, mais dans le fond je suis super content.»
Où en est le programme Bentley : est-ce uniquement concentré sur les GT3 ou peut-on espérer revoir un jour des prototypes de la marque, au Mans ou en IMSA ?
« On ne peut jamais dire jamais. Le constructeur est revenu en course automobile car c’est dans l’ADN de la marque. Après ça, l’histoire et l’héritage, Bentley au Mans ça fait beaucoup parler, moi le premier. Pour l’instant, on peut juste dire qu’ils sont en GT3, c’est le cœur du programme. On ne sait pas ce que l’avenir peut réserver, mais pour l’instant c’est le programme course de Bentley est uniquement les séries GT3 et tous les efforts sont axés sur cette discipline. Je pense qu’on a assez de boulot comme ça, car les championnats GT3 sont extrêmement relevés maintenant.»