Il y a quelques temps, le promoteur du Championnat du monde d'Endurance (WEC) nous avait confié combien il regrettait la décision de Montréal de concentrer ses efforts sur la création d'un événement de Formule E plutôt que d'amener une course de sa série, le WEC, sur le circuit Gilles-Villeneuve. Il se disait même pessimiste quant à l'avenir de la Formule E.
Mais depuis, beaucoup d'eau a coulé dans le St-Laurent et la récente volonté affichée par plusieurs membres du gouvernement allemand de bannir les voitures à moteur thermique du territoire de l'Allemagne au profit de motorisations uniquement électriques dès 2025 a précipité les choses. Les constructeurs allemands se ruent maintenant vers la Formule E car elle représente désormais un défi technologique incontournable. Audi était déjà présent en FE, depuis les débuts de la série, au-travers une aide technique et financière à l'écurie Abt, tandis que BMW débute cette saison en devenant partenaire de l'équipe de Michael Andretti et que Mercedes a annoncé son arrivée en 2018.
Ce matin, Audi a annoncé mettre un terme à son engagement en WEC au terme de la présente saison, au profit d'un investissement recentré sur la Formule E. Audi sera toutefois encore présent parallèlement en DTM et fort probablement en Rallycross (en soutenant l'équipe de Mattias Ekström, récemment couronné champion du monde dans cette discipline), mais cet arrêt du programme des prototypes LMP1 apparaît comme brutal.
Certes, on s'attendait fortement à ce retrait d'Audi de la classe prototypes, mais plutôt fin 2017 puisqu'une rumeur veut que Bentley (voir notre article à ce sujet dans l'édition de Pole-Position Magazine de juillet dernier), autre marque du groupe VAG, fasse son retour dans la discipline à ce moment là. Mais l'annonce d'Audi d'arrêter le WEC dès la fin de cette saison vient désormais mettre un doute sur le futur du programme Bentley... Et si le groupe VAG avait tout simplement décidé que ce programme ne lui apporte plus rien, alors que le groupe possède déjà Porsche en LMP1 ?... Ou verrons-nous une Bentley à moteur 100% électrique en Endurance en 2018 ou 2019 ?
Les différents prototypes Audi ont, en 18 saisons, pris part à 185 courses d'Endurance, décrochant 106 victoires (dont 13 fois les 24 Heures du Mans), 80 pole positions et 94 meilleurs tours en course. L'annonce d'Audi a cependant bouleversé les projets en cours... Reste deux constants : l'an prochain, il ne devrait plus y avoir que 4 voitures en classe LMP1 du Championnat du monde d'Endurance... Et peut-être même seulement 2 Porsche si Toyota, dont le retour en Championnat du monde des rallyes a été annoncé, décidait de se concentrer uniquement sur le rallye ! Difficile d'imaginer les 24 Heures du Mans, qui sont pourtant à leur sommet de popularité côté spectateurs, se disputer avec seulement deux LMP1 en piste, suivies par 28 LMP2 et 30 GT !
Des solutions doivent être trouvées car tout d'un coup, par une seule décision d'un manufacturier ce 26 octobre 2016, la Formule E apparaît comme plus solide que le Championnat du monde d'Endurance ! Ceci dit, la situation est loin d'être catastrophique pour l'Endurance car les classes de prototypes LMP2 et LMP3, en plus des catégories GT, attirent énormément d'inscrits. On peut même dire que c'est l'abondance présentement !
Pour l'Amérique du Nord (série IMSA SportsCar), les LMP1 étant déjà bannis depuis trois ans, la décision d'Audi ne change strictement rien. Au contraire même, l'IMSA, qui a refusé de suivre la volonté de l'ACO (promoteur des 24 Heures du Mans et du WEC) en n'imposant pas un moteur identique pour tous en LMP2 dès l'an prochain, semble renforcée et pourrait même offrir plus de défi aux concurrents que le WEC, au niveau des prototypes tout au moins.
Pour les passionnés du Québec, le projet de faire venir le WEC n'ayant pas pu aboutir ces deux dernières années, il reste à espérer que l'événement de Formule E, qui se dirige vers un déficit record en matière d'organisation d'événement de sport automobile, soit au moins un succès médiatique et qu'il ait lieu plus qu'une fois, histoire de faire profiter au public québécois les luttes attendues dans cette discipline entre Audi, BMW, Citroën, Jaguar, Mercedes, Renault, Venturi et d'autres à venir sans aucun doute.