Quelle aventure que ce Rallye Silk Way de Moscou à Pékin pour les Québécois David Bensadoun et Patrick Beaulé ! Des pluies diluviennes, du vent à écorner de boeufs en plus de tempêtes de sable qui empêchent les hélicos de surveillance et de sécurité de voler. Et pour les derniers kilomètres, un massif de dunes quasi infranchissables. Les organisateurs avaient tracé la route de manière à ce que tous les véhicules soient obligés de grimper les dunes sur le côté mou de la falaise de sable. C’est pour ces raisons qu’on appelle ça un rallye raid. Plus de 10 000 kilomètres qui séparent les capitales de la Russie de celle de la Chine, et en bonus, des courses contre la montre dans des secteurs sélectifs où tout est permis sauf de rater un contrôle caché qui enregistre tout.
Nos Québécois ont rallié l’arrivée à Pékin dimanche au 12ème rang du classement général et troisième dans la catégorie des véhicules T1-1, soit celui des prototypes à quatre roues motrices à moteur à essence, inscrits par des équipes privées. Après plus de 42 heures de pilotage dans les secteurs sélectifs, les pilotes Aldo ont terminé à 27 minutes du Russe Andrey Dimitriev, détenteur du deuxième rang dans leur catégorie, et avec plus de trois heures d’avance sur leur plus proche poursuivant. Un nombre de 27 voitures étaient inscrites dans la catégorie T1-1 de Bensadoun et 19 d’entre elles ont franchi l’arrivée.
Avant la pause du rallye à Almaty au Kazakhstan le 20 juillet après les six premiers jours de compétition, l’équipe Aldo occupait le 18e rang au classement général en catégorie T1, et le neuvième dans la catégorie T1-1 des équipes privées à 23 minutes du détenteur du cinquième rang. Les événements se sont bousculés lors des huit étapes suivantes.
102 voitures ont pris le départ à Moscou et 71 ont franchi l’arrivée. Il y en a probablement quelques-uns qui se cherchent toujours dans le grand désert de Gobi au terme des 15 étapes du Rallye Silk Way 2016. De plus, 23 camions de service 6x6x6 ont également fait la course et tous sont arrivés à bon port. En fait, la partie était déjà jouée samedi à leur arrivée à Hohhot, capitale de la Mongolie intérieure et terminus du dernier Secteur Sélectif (SS) de vitesse du rallye. L’arrivée triomphale du convoi à Pékin dimanche après une liaison finale de 507 kilomètres reliant les deux villes a été une grande parade. Le tout s’est terminé par la consécration sur le podium dressé au cœur du complexe olympique, face au fameux ‘Nid d’Oiseau’.
« Je suis heureux que tout soit terminé, a déclaré le Montréalais David Bensadoun. Nous avons réussi. Nous voulions nous retrouver parmi la meilleure équipe d’amateurs et terminer dans le Top 20. Nous nous sommes battus contre de très rapides pilotes amateurs et des professionnels chevronnés. Nous avons terminé deuxième chez les équipes privées et troisième dans la catégorie T1-1. Incroyable. C’est comme un rêve qui se réalise. L’équipe de soutien technique Aldo a été formidable, le Toyota irréprochable et la navigation de Patrick sans reproche si on se fie au fait que nous avons repéré tous les points de vérification, donc un rallye sans pénalité. Les effets secondaires dus au décalage horaire, ajouté à la mauvaise qualité de la nourriture, la cacophonie des outils mécaniques et des générateurs, les activités nocturnes de la tente VIP, la chaleur intense au-delà de 35 degrés Celsius à l’intérieur de nos tentes et les très longues liaisons ont fait que les exigences des Secteurs Sélectifs n’étaient qu’une infime partie des contraintes à surmonter au cours de ce rallye. »
David Bensadoun et Patrick Beaulé, respectivement pilote et navigateur du Toyota Tacoma de l’équipe Aldo Racing, ont parcouru au cours des 15 derniers jours plus de 10 700 kilomètres dont environ 3 500 km d’étapes chronométrées (SS) hors-piste. Le rallye-raid transcontinental Silk Way avait été lancé de Moscou le 8 juillet.
Le Longueuillois Patrick Beaulé en avait long à raconter sur la dernière journée qui s’est déroulée dans le désert de Gobi. Éreintante selon lui. « Les organisateurs nous avaient avertis que la journée de samedi serait ardue. Un massif de dunes, et dans la dernière section, celles-ci seraient attaquées du côté cassant afin de nous embêter au niveau de la navigation une fois arrivé à la crête, a souligné Beaulé qui a aussi mentionné qu’ils allaient pourchasser la voiture 152 du Russe Andrey Dimitriev, détenteur du 11ème rang du classement général avec une mince avance de onze minutes sur eux. Et puis, la catastrophe. Nous avons basculé du côté gauche. En fait, nous sommes arrivés trop rapidement dans le virage. C’était juste à la suite d’une section très accidentée de sable très profond. Le sable compacté sous le Toyota a comprimé les étriers de freins, et lorsque David a voulu les utiliser pour freiner, la pédale s’est enfoncée dans le plancher. On doit un gros merci à l’équipage du camion Scania G-Energy Engine Oil qui nous a sortis du pétrin. Le pare-choc avant, l’aile gauche avant et la porte gauche ont été endommagés, mais tout ça allait tenir le coup jusqu’à l’arrivée. Personne n’a été blessé. Puis, nous avons crevé. Nous avons perdu presque 30 minutes à réparer et raté le 11ème rang de 27 minutes. Nous avons poussé le Toyota à sa limite. Une journée laborieuse, et les dunes n’étaient pas de tout repos : moelleuses et profondes. Les plus exigeantes de notre carrière. »
Avec sa victoire, Cyril Despres sauve la mise pour Peugeot
Tout semblait baigner dans l’huile pour Peugeot au début du Silk Way, mais tout ce n’est pas déroulé entièrement comme prévu pour cette équipe professionnelle. La marque du Lion a ouvert le bal chez les équipes d’usine, et n’a jamais quitté le parquet de danse, remportant 9 des 12 Secteurs Sélectifs dont quatre par le grand vainqueur du Silk Way 2016, Cyril Despres et son copilote David Castera. Au cours de l’épreuve, Despres a dominé le classement général sauf à deux occasions où son coéquipier Stéphane Peterhansel lui a ravi les commandes. Despres a complété le rallye avec une avance de 25 minutes 51 secondes sur la Mini All4 Racing du Saoudien Yazeed Al Rahji qui a remporté deux spéciales. Le Russe Vladimir Vasilyev, également sur Mini, a été classé troisième à 50 minutes du Français. Deux autres Mini ont complété le top 5.
Qu’est-il arrivé aux autres favoris de Peugeot ?
Coup de théâtre lorsque Sébastien Loeb (Peugeot) a dû renoncer à sa victoire et au deuxième rang du classement lors de l’étape 12 du 21 juillet pour avoir raté deux points de vérification qui lui ont coûté quatre heures de pénalité. L’autre favori de la marque du Lion, Stéphane Peterhansel a culbuté sa Peugeot à son entrée en Chine lors de la septième étape disputée le 13 juillet. Il a ajouté neuf heures à son total. Fin de leurs espoirs. Loeb sera classé septième et Peterhansel, 15ème.