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L'équipe Aldo Racing part à l’aventure sur les chemins méconnus du Rallye Silk Way

L'équipe Aldo Racing part à l’aventure sur les chemins méconnus du Rallye Silk Way

Mardi 5 juillet 2016 par Marie-Lyse Tremblay
Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Après un périple routier de 1 100 kilomètres de la Finlande à la Russie, le Toyota Tacoma de l’équipe Aldo Racing, qui accompagnait la longue caravane des équipages européens, est finalement arrivé le 5 juillet à Moscou en soirée. Les membres de soutien technique d’Aldo Racing ont rejoint les seuls québécois inscrits au Rallye Silk Way Moscou-Beijing : le pilote David Bensadoun et son navigateur Patrick Beaulé arrivés directement de Montréal.

 

Tout est finalisé pour le parcours de 10 734 km, dont 4 105 km d’étapes chronométrées hors-piste, entre Moscou et Pékin du 8 au 24 juillet 2016. Les carnets de routes du rallye, remis à chacune des 99 équipes la veille de chacune des 15 étapes, sont imprimés et gardés sous scellé. Le départ hautement protocolaire de la sixième édition du Silk Way se fera d’un podium de départ de la place Rouge le 8 juillet pour ensuite s’engager sur la route nationale E22/M-7 durant une liaison de 850 km vers Kazan en Russie. Le lendemain, le chrono officiel du Silk Way vers la ville d’Ufa sera déclenché pour Bensadoun et Beaulé. Une étape de 626 km, dont 135 km seront disputés hors-piste. Le rallye va quitter la Russie pour entrer au Kazakhstan le 11 juillet lors de l’étape Ufa à Kostanay. Trois autres étapes dans le pays des déserts et des hauts plateaux mèneront les protagonistes au bivouac d’Almaty le 14 juillet où le lendemain, les pilotes pourront se reposer et soulager leurs douleurs, tandis que les mécaniciens devront soit réparer ou revoir à fond les voitures avant qu’elles ne reprennent la route le 16 juillet vers Beijing pour les neuf jours suivants.

 

Le Montréalais David Bensadoun est excité à l’idée de découvrir de nouvelles contrées lointaines. Après quatre rallyes Dakar en Amérique du Sud, il était prêt, tout comme son coéquipier et navigateur Patrick Beaulé, à changer de décor et affronter de nouveaux défis. « Nous allons vers l’inconnu. C’est une nouvelle aventure, j’aime l’imprévu, et j’aime relever un défi. Ça m’amuse, souligne Bensadoun. Nos meilleurs moments arrivent lorsque nous faisons face à l’adversité et que nous trouvons une solution pour continuer à rouler, j’adore rouler. J’adore le tracé prévu. Comme tous ceux qui ont grandi au cours de la guerre froide, je n’ai jamais pensé qu’un jour que je pourrais visiter ces pays, encore moins participer à une course folle dans ces pays ! Les steppes russes, les plateaux du Kazakhstan, les dunes géantes du désert de Gobi de la Mongolie intérieure et de la Chine. Toutes ces grandes étendues conquises par Gengis Khan, nous allons les explorer. Tout de même stupéfiant ! »

 

La découverte de nouvelles frontières n’est pas sans risque pour nos Québécois. Traverser trois pays dont certains n’ont découvert que très récemment le sport motorisé et qui seront envahis par plus de 150 véhicules en pleine course dans leur campagne est un peu démentiel. Pourtant, l’audace des organisateurs de se lancer dans une aventure transcontinentale eurasiatique méconnue a penché dans la balance pour David Bensadoun. « Les organisateurs nous ont réellement impressionnés – la logistique requise pour créer cet événement a été tout un défi, poursuit Bensadoun. Les risques encourus seront les distances à parcourir surtout si on doit affronter des problèmes comme des ponts brisés, des rivières impossibles à traverser, ou un garde-frontière qui est à cheval sur les principes bureaucratiques du pays. Lors d’un rallye « point de départ à l’arrivée » qui se déroule sur une telle distance, un petit détour ou un pépin que les organisateurs n’ont pas prévu pourrait être catastrophique. L’an dernier au Dakar, des pluies torrentielles ont forcé la fermeture d’un passage à gué, et ça prit deux jours pour que le rallye revienne sur le trajet prévu.

 

Travailler côté passager la tête entre les genoux à lire les instructions à bord du Toyota Tacoma Aldo qui roule sur des chemins brisés de roches et de cailloux qui lui font hocher la tête comme un “Bobble Head” n’est jamais de tout repos pour le navigateur Patrick Beaulé. Encore moins en descente soudaine et rapide après avoir atteint la crête d’une dune. Il doit continuer de lire et donner à David Bensadoun des milliers d’informations par jour, et ce durant 14 jours. Il a rarement l’occasion d’admirer le paysage. Trouver le bon chemin demande une forte dose de concentration. « Je dois constamment canaliser mes énergies. Le système de navigation d’un rallye est très simple : un cahier de routes nous donne une série d’indications qui s'enchaînent un peu comme lorsqu'on imprime les directions d'une route à partir d’une carte Google, mais nous n’avons pas accès à Google, déclare Beaulé. Quelquefois, les informations du cahier de routes s'enchaînent très rapidement, même à 0,1 km entre chaque indication. Je dois toujours être prêt pour la prochaine et l’annoncer de façon précise à David ! Pas de GPS, pas de carte géographique, aucun panneau d’indication routier sur les sentiers hors-piste ! Une boussole électronique, un odomètre, le cahier de routes et c’est tout ! » 

 

Le Silk Way n’est pas un rallye-raid comme les autres, car une bonne partie du parcours hors-route Moscou-Beijing se déroulera en terrain inconnu à partir de la pointe est de la Russie européenne à la capitale chinoise. Ce trajet a été effectué à l’inverse pour la première fois en 1907 de Pékin à Paris en passant par la Sibérie et Moscou. Il a été repris près d’une dizaine de fois entre 1990 et 2013, mais probablement pas comme le Silk Way qui traversera la province de Xinjiang au nord de la Chine et la Mongolie intérieure sur une distance de 5 700 kilomètres avant d’atteindre Beijing.

 

Le prochain communiqué Aldo sera publié le 15 juillet lorsque le Silk Way aura rallié la ville d’Almaty au Kazakhstan après six jours de compétition. David Bensadoun et Patrick Beaulé feront part de leurs commentaires après avoir franchi 4 828 km. Ironiquement, le plus difficile reste à venir.