Le 18 août 2015.- Après avoir tout tenté afin de percer dans les séries de type monoplace et après une retraite de quelques années, Kevin Lacroix revient exercer sa passion dans une série toute canadienne, le Nascar Canadian Tire. D'autres, tels qu'Andrew Ranger et Alex Tagliani, après avoir fait la preuve de leur talent aux États-Unis, se consacrent également à la série Nascar Canadian Tire. De plus, Tagliani ne va piloter aux États-Unis que si on le rémunère pour ses services. Pour leur part, malgré tout leur talent, Mikaël Grenier et Alex Guénette ont mis leur carrière en veilleuse.
Même si leurs parcours diffèrent, ces pilotes ont tous un point en commun: le manque d'argent étant, leur carrière n'est pas à la hauteur de leur talent. Or, les pilotes québécois ont-ils un véritable avenir à l'extérieur du Canada ou sont-ils tout simplement condamnés à courir dans les séries canadiennes ou à laisser de côté leur carrière faute de moyens financiers ?
KEVIN LACROIX
Pour un, Kevin Lacroix ne croit plus au "mirage" américain. «Écoutez, si des types tels qu'Andrew Ranger et Alex Tagliani n'ont pas eu d'offres pour un volant permanent dans une série Nascar aux États-Unis, malgré tout leur talent, pourquoi j'irais y perdre mon temps à nouveau», explique Lacroix. « Même s'il est toujours question que j'aille là-bas faire quelques courses, je ne crois pas pour autant que je réussirai là où les Ranger et Tagliani, eux, n'ont pas réussi.»
Il faut dire que Lacroix, lui-même, a été échaudé alors qu'il a perdu son volant dans la série Atlantique. Âgé de 20 ans et faute de moyens financiers, il a du mettre une croix sur sa carrière, hors du Canada, en 2008. Après quelques années de retraite, il a son propre volant au sein dans la série Nascar Canadian Tire alors que son père a mis sur pied Lacroix Racing.
MIKAËL GRENIER
Mikaël Grenier a subi sensiblement le même sort que Lacroix. Sa carrière allait bien jusqu'en 2010. Il termine alors 8e position en Star Mazda. Pour gravir les échelons suivants, les budgets explosent. En Indy Lights, il devait fournir près d'un million de dollars. En IndyCar, ce budget passait à près de 8 millions de dollars. II fera six courses en Indy Lights sur deux saisons. Comme bien d'autres pilotes, il a fait face à un obstacle appelé "un budget limité". «Nous avons été au bout de nos moyens financiers», explique Grenier. «Les commandites étaient de plus en plus difficiles à trouver.»
Le pilote, aujourd'hui âgé de 22 ans, aurait pu obtenir pour la saison 2015 le volant de la deuxième voiture d'une équipe dans la série IndyCar. Toutefois, le prix demandé, 2,5 M$, était trop élevé. Plus réaliste, il regarde maintenant pour un volant dans la série de la coupe Porsche GT3, avec un budget se situant entre 300 000$ et 400 000$. «Mais ce budget ne viendra pas de l'argent de la famille», prévient Grenier.
ROBERT DESROSIERS
Robert Desrosiers est dans le milieu de la courses automobile depuis plus de 15 ans et un de ses faits d'arme aura été de trouver un volant à Patrick Carpentier dans la série Nascar Sprint. Aujourd'hui, outre faire du développement d'affaires, il a un mandat de consultant auprès de la famille Lessard afin de trouver un volant au jeune phénomène de 14 ans, Raphaël, qui pilote cette année dans la série PASS North. «Le sport automobile est une activité tellement cruelle car le talent du coureur sera développé en fonction des moyens financiers de ses parents», explique Desrosiers. « Cela explique pourquoi certains jeunes ne perceront jamais. L'ascension dans leur carrière se terminera lorsque les ressources financières des parents se seront volatilisées.» À un niveau élite, les commanditaires ne sont plus suffisants, selon Desrosiers. Ne vous trompez pas... Le logo de publicité principal sur la voiture d'un jeune pilote dans une série de pointe est celui de l'entreprise du père, celle du grand-père ou encore d'une compagnie qui a des ramifications avec la famille.
Selon Desrosiers, il peut y avoir certaines exceptions mais elles sont très rares. Évidement, être au bon moment et à la bonne place peut aider. La présence de Patrick Carpentier en Nascar Sprint Cup s'explique ainsi. Une 2e place à Montréal, en 2007, dans la série Nascar Bush et avec un peu d'aide de Desrosiers, les portes se sont ouvertes comme par miracle en Nascar Sprint Cup, la saison suivante, en 2008. Le propriétaire de l'écurie Gillet Evernham Motorsports était George Gillet, à l'époque également propriétaire du club de hockey Canadien de Montréal. Faut-il aussi ajouter que Carpentier, âgé alors de 38 ans, avait tout un talent et une grande expérience comme pilote !
Au bon moment et à la bonne place. Ce ne fut pas le cas du jeune pilote Alex Guénette. « Alex a piloté pour l'écurie à Turner Scott, en octobre 2014 dans la série Camping World Truck», raconte l'agent qui travaillait à ce moment avec la famille Guénette. «Il avait terminé 9e, à Martinsville et il devait faire une autre course. Toutefois, deux actionnaires de cette écurie ont eu une dispute qui s'est rendue devant les tribunaux. Martinsville fut la dernière course de cette entreprise.» Et la dernière course d'Alex Guénette, à ce jour.
*** Cet article exclusif est le premier d'une série de trois sur ce sujet... Rejoignez-nous demain pour le deuxième volet...